lundi 25 février 2013

Épisode 6: Kho Phi Phi

Tonsai Bay


 
Samedi 9 février, 16h00. J'accoste sur cet archipel composé de deux îles principales: Kho Phi Phi Lhe et Kho Phi Phi Don. La première n'est pas habitée et a le statut de parc national. Elle fut rendue célèbre lors de la sortie du film The Beach, en parti tourné sur l'une de ses plages. La seconde île subit le tsunami de 2004 qui détruisit pratiquement toutes les infrastructures qui s'y trouvaient. Ces dernièrent furent reconstruites presqu'entièrement 6 ans plus tard.

Quand la fiesta tourne en cauchemard

 L'endroit fut l'année dernière rendue tristement célèbre à nouveau lorsque 2 Québécoises y trouvèrent la mort au fond d'un "bucket" mixé de substances euphorisantes dont du DEET, un insecticide hautement efficace que j'utilise contre les mouches noires et maringouins dans une bouteille de Watkins. Mon DEET, je le préfère en crème sur ma peau que sous forme liquide dans mon ventre. En terme de substances euphorisantes, difficile de trouver moins bio...Après plusieurs mois d'enquête, le dossier de ce malheureux événement reste toujours entouré de brouillard.

Tsunami touristique

Pire que le tsunami de 2004, une autre forme de séisme menace l'archipel. La popularité de The Beach entraina un déferlement de touristes s'intensifiant d'année en année. Chaque jour de la semaine, 365 jours par année, plusieurs bateaux accostent au port de Tonsai Bay pour déverser des chiées de touristes en un flu ininterrompu. Sans parler du prix exagérément élevé d'à-peu-près tout par rapport au reste de la Thailande.  Des dizaines de bateaux (tailboats, speedboats, diveboats) pullullent et polluent jour après jours les eaux turquoises des Îles Phi Phi. Maya Beach, lieu du tournage, est devenu si fréquentée qu'il faut se lever vraiment tôt pour avoir un carré de sable où pour faire la crêpe au soleil. Cette tourista chronique a pour effet de dénaturer ce que ce paradis perdu avait de bon à offrir en un temps révolu.

Le débarcadère de Tonsai Bay



Il reste néanmoins quelques points positifs: j'ai un contact qui connait des coins tranquilles, il y a moyen de faire de la plongée et de l'escalade, les véhicules motorisés sont pratiquement absents sur l'île.

 J'avance péniblement en esquivant les bicyclettes et pousse-pousses de livraison manoeuvrés vaillament par des Thailandais impatients qui immitent le son du klaxon pour pouvoir passer.  Difficile pour un piéton de progresser à travers la foule de camisoles imprimées "Same Same but Different", "Full Moon Party" et autres clichés de la Thailande. Les bikinis et torses nus abondent également en originalité et exposent nonchalament leurs peaux tatouées de dragons, têtes de mort, signes tribaux, chinois, celtiques etc. Toute cette masquerade me donne l'impression d'avoir aboutit sur l'ile des clônes d'Occupation Double. Pour ce qui est des tatoos, je vais encore passer mon tour et me contenter de montrer mon bronzage de sandales: un magnifique carré brun sur le dessus des pieds!

Je finis par trouver l'un des accès au sentier qui mène à Rantee Beach. Escarpé et peuplé de serpents dont certains vénimeux, il me faut redoubler de prudence avant d'aboutir sur la plage que Marilyne m'avait décrite au début du voyage. Seulement accessible par "tailboat" ou par le chemin que je viens de parcourir, cette dernière est restée relativement intacte et tranquille comparée à l'autre partie de l'île.

Marilyne, que j'ai rebaptisée "Lonely Prunette" lorsqu'on s'est rencontrés à Bangkok (parce que ses talents de guide de la Thailande sont bien plus utiles que la dernière édition du Lonely Planet), se pointe autour de 20h à la table du resto du Sunshine Bungalows. Je suis heureux de retrouver cette aventurière de 5'1, en sueur sous son sac-à-dos rempli de matériel d'escalade. On se raconte nos péripéties des dernières semaines autour d'une bière avec le son des vagues à quelques mètres et la musique reggae sortant des haut-parleurs du resto. Celle qui a choisie la Thailande pour étudier l'herboristerie par internet, s'offre aussi un trip d'escalade sur la magnifique parois de Tonsai Beach, à une demie-heure de marche.

Amateur de contrastes, je délaisse l'ivresse des profondeurs pour la folie des hauteurs. Le matin du 15 février, je décide d'aller grimper. Pour moins de 20$, il est possible de louer un kit de base pour la journée. Après s'être tapé les 45 minutes de marches menant à la parois et avoir esquivés singes et serpents, Lonely Prunette m'explique comment assurer un premier de cordée. La première grimpe sert de réchauffement et se passe très bien.

Beno et Yvonne, les partners allemands arrivent entre temps et nous partons essayer une seconde route. Mon coeur reste suspendu quelques secondes au cours de cette grimpe d'un niveau de difficulté hautement supérieur. Beno monte en premier de cordée péniblement et Marilyne réussie de peine et de misère en poussant des hurlements d'accouchement douloureux. Je suis le troisième à tenter de relever le défi. Au moment où le débutant que je suis tente de vaincre un surplomb insurmontable, un son similaire au craquement d'une branche se fait entendre en provenance de mon harnais. Suspendu dans le vide à 5-6 mètres du sol, je tente de comprendre si je vais mourir bientôt.  "Is there anything wrong with your harness? demande Beno en train de m'assurer. I think so!" de lui répondre en faisant signe de me redescendre. La corde et le harnais me tiennent toujours. Une petite sangle sous laquelle la corde doit passer une première fois était mal attachée et s'est défaite sous la tension. Par chance, ce n'était pas un point d'ancrage important du harnais. Le moins qu'on puisse dire, cette seconde tentative ne m'as pas procurée autant de plaisir que d'adrénaline.

Les deux routes suivantes s'avèrent beaucoup plus agréables et je repars satisfait de ce premier contact avec une parois de calcaire lisse et invitante. Il fait déjà presque nuit lorsque nous quittons le site de grimpe armés de bâtons contre une éventuelle embuscade de singes. J'accompagne Beno et Yvonne au resto alors que Maryline, pressée de rentrer, reprend le sentier menant à Rantee Beach. Je finis par entrer au bercailles autour de 4am après une nuit arrosée dans un bar terrasse sur le toit d'un immeuble et une pause dans un hamac squatté près de la plage.

Lonely Prunette en pleine action

Beno et Marilyne

Quand Makou se prend pour un singe







Le sac-à-dos chargé d'une lourde corde d'escalade et une nuit presque blanche imbibée d'alcool ralentissent considérablement mon rythme. Je monte péniblement les 337 marches du début du sentier. Étant la première fois que je fais le trajet de nuit seul, je me perd un peu. L'aboiement d'un chien confirme mon retour sur la bonne voie et peu de temps après, j'entamme la descente du segment escarpé jusqu'à la plage. Un peu plus loin, le faisceau de ma frontale éclaire un premier serpent. Mon pied s'arrête à deux pas de sa tête verdâtre alors qu'il se défile vers la gauche. Il mesure autour de 50 cm et ressemble pas mal à nos innofensives couleuvres québécoises. La Thailande est un de ces pays hébergeant un très grand nombre d'espèces vénimeuses. Aucune idée si ce specimen en fait partie mais comme le centre anti-poison le plus proche me semble à des millions de kilomètres, je me vois dans l'obligation de ralentir le pas davantage...

Il ne me faut que quelques minutes avant de voir un second reptile apparaitre pratiquement sous mon pied. Belle petite bête en randonnée nocturne sortant des profondeures de la jungle. Celui-ci est plus petit et d'un noir luisant. J'ai comme l'impression de l'avoir échappé de justesse. Impression confirmée le lendemain en discutant avec des gens me décrivant le look d'un serpent mortel correspondant exactement avec cette sympathique créature. Règle générale, mis à part les brûlots, je ne suis pas trop stessé par les habitants de la forêt. Cette fois-ci par contre, je dois avouer retrouver Rantee Beach dans un soupir de soulagement...

Prendre ça relaxe à Rantee Beach

Un voleur aux aguets
 

lundi 18 février 2013

Épisode 5: En route pour Kho Phi Phi









Vendredi, 8 février, Kho Tao.

 Cordés comme des clandestins dans un container, les derniers arrivants ont droit à des tapis de fortune en guise de couchette, les moins chanceux doivent se débrouiller comme ils peuvent. Le trajet qui dure toute la nuit s'annonce tout sauf confortable. J'ai au moins la chance de m'être fait assigné une place avec matelas. Mes voisins de droite doivent s'en passer.


Une demie-heure après l'appareillage, je vais faire un tour sur le pont avant du navire. Dégustant ma grosse "Chang" devenue tablette je contemple, pad battant au vent, les lumières de Koh Tao s'éloignant dans la nuit. Trois sans-couchettes anglophones se joignent à moi. Nous discutons des conditions de vie misérables des pauvres backpackers que nous sommes et arrivons à cette conclusion: on est beaucoup mieux dehors. Pour dormir à la belle étoile au son des flots, du doux ronronnement du moteur et de cette suave odeur de diesel me rappelant mon été de pêche au turbot en Gaspésie, je suis prêt à troquer le confort de mon matelas contre un tapis à prière musulman. L'un des anglais accepte ma proposition.

Ce n'est pas ma meilleure nuit de sommeil mais je suis content de sentir la brise et d'entendre les vagues. Autour de 4hr am, je sens le moteur ralentir. Serais-ce que nous approchions de notre destination? Je m'asseois et me roule une clope en scrutant l'horizon. Nous venons d'entrer dans un chenal étroit balisé par des bambous plantés à interval régulier. Le timonier ne semble pas avoir grand jeu pour manoeuvrer et lorsqu'il traverse la ligne de perches à tribord, la menace de s'échouer m'apparait plus que réelle. À mon grand soulagement, le barreur retrouve sa lucidité à temps et ramène son embarcation sur le droit chemin.

Nous croisons de petits bateaux de pêche à peine visibles dans l'obscurité qui persiste. Les lumières de ce qui semble être une ville éclairent l'horizon d'une lueur jaunâtre. On a décidément quitté la mer pour naviguer en remontant une longue rivière aux abords de laquelle Surathani est construite. Ma vessie m'indique qu'il est temps de retourner aux toilettes situées à l'autre extrémité du bateau. J'enjambe non sans difficulté les corps de plusieurs backpackers plus ou moins endormis. Une bonne dose de concentration est nécéssaire pour éviter d'écraser un bras, un pied ou une tête au passage.

5h am. On finit par accoster. Les sacs-à-dos sont sortis de la cale et déposés sur le quai devant les regards impatients de leurs propriétaires. Après avoir récupéré le miens, je me fais des provisions pour le long trajet de bus qui m'attend. Un minibus me dépose à la gare centrale où je prend un gros bus direction Krabi. Ce segment du voyage est passé à cogner des clous dans une alternance de demi-sommeil. Emmitoufflé dans mon sac de couchage d'été, je tente de survivre l'air climatisée ridiculement réglée au maximum.








10 am, Krabi.

Peu impressionné par la chaleur accablante qui m'assaille après avoir passé je ne sais plus combien d'heures dans un congélateur roulant, je me trouve un taxi à prix raisonnable pour le centre-ville. Mon plan de match pour la suite est à ce moment encore vague. Je sais que je veux me rendre à Koh Phi Phi faire un coucou à Marilyne mais l'idée de faire escale à Krabi m'effleure l'esprit.

À peine mon sac-à-dos posé au Good Dream guesthouse, on me refuse l'accès à une prise de courant dans laquelle j'espérais brancher mon portable. L'électricité coûte très cher me dit-on. Il faut dépenser au minimum 250B pour avoir droit à ce privilège... je décide que Krabi ne fais pas partie de mon destin aujourd'hui. Je me prend aussitôt un billet pour Phi Phi partant en début d'après-midi.

En attendant le traversier, je flâne à la marina où un sloop d'une quarantaine de pieds avec l'unifolié comme pavillon attire mon attention. Je me fraie un chemin jusqu'au voilier et jase avec le capitaine Ontarien. John, sa femme et ses trois enfants sont partis des Grands-Lacs il y a 4 ans et demi pour faire le tour du monde. Qui n'essaie rien n'a rien. Je demande à tout hasard s'ils ne voudraient pas d'un équipier pour un prochain segment de leur périple. Réponse négative mais rencontre inspirante. Je repars attendre le traversier en rêvessant de voyages en mer hypothétiques...

mardi 12 février 2013

Makousteau




 


 Mercredi 30 janvier,
 
Quand t'apprend que l'île voisine est l'une des capitales mondiale de la plongée sous-marine, tu te dis que ça serait vraiment idiot de ne pas essayer. À 13$/ la saucette après avoir fait la certification PADI "Open Water" qui elle-même ne coûte que 300$ incluant 3 nuits d'hébergement, la tentation est pour le moins qu'on puisse dire, irrésistible.

À Koh Tao, en terme d'écoles de plongée, c'est l'embarras du choix. Émilie et Pierre-Yves, avec qui je suis allé voir un match de "ping pong" à Bangkok, m'avaient déjà conseillés un bon endroit. Je me fais toutefois influencé par un vendeur à commission qui dans le traversier me convainc de m'inscrire auprès de la réputée école New Way Diving ( référée par Lonely Planet et blablabla...) La féroce compétition entre les écoles de plongée me permet de négocier un deal confortable.

La formation commence le lendemain en fin d'après-midi. Que de la théorie... Assis dans une salle de classe avec mes trois partenaires débutants, on regarde une vidéo expliquant les principes de base de la plongée et on remplit un petit questionnaire mettant à l'épreuve ma mémoire à court terme. Puis, on passe les trois jours suivants dans l'eau à pratiquer les différentes techniques de la certification de base permettant de plonger à une profondeur maximale de 18 mètres.

Tout sauf inspirant!

J'ai fais beaucoup de plonge au salaire minimu dans des éviers crasseux de cuisines de restos, mais je me sens vraiment débutant au moment d'enfiler pour la première fois la quincaillerie d'homme-grenouille. Maladroit et inconfortable avec ces palmes qui serrent les chevilles et emprisonnent les orteilles; ce masque qui m'écrase le tour des yeux et ce tuba taché de moisissures et autres résidus laissés par je ne sais combien de milliers d'apprentis-cousteaux. Sans parler de cette masse froide, humide et poisseuse à l'odeur douteuse qu'on appelle à juste titre un "wet suit"; ou du réservoir d'où partent des tentacules de cahoutchouc dont l'une doit aller dans ma bouche pour me servir de respirateur artificiel une fois sous l'eau...



Après avoir fait le check-up de l'équipement avec mon "diving buddy", un Australien rigolo dénommé Josh, je me retrouve en équilibre précaire sur le bord du bateau. Je gonfle ma veste de flottaison, place le régulateur dans ma bouche, la paume de ma main droite sur ce dernier, deux doigts sur le masque, main gauche sur la boucle de ceinture de poids, un grand pas en avant pour le Québec et PLOUF!!! Le poids de l'équipement disparait, me voici en train de flotter en compagnie de mes trois collègues et de mon instructrice qui nous dit de cracher dans nos masques pour en enlever la buée avant de nager vers le rivage. Vive la souillure!





Nos premiers exercices ont lieu en eau peu profonde près d'une plage où se prélassent des sirènes en bikini. La vue de ces dernières compromet sérieusement mon apprentissage. Mieux vaut rester la tête sous l'eau.





Ne jamais cesser de respier

Après cette première séance d'exercices de base terminée, nous reprenons le bateau pour aller pratiquer à 5m de profond dans un autre secteur. Les premières sensations d'être dans une autre dimension se manifestent. La seule chose audible est le son de ma respiration accompagnée de centaines de bulles. Des poissons multicolores viennent me saluer alors qu'un paysage de corail se dévoile sous mes palmes. Tout est comme un rêve et j'ai un peu l'impression de perdre contact avec la réalité.

Le contrôle de la flottaison n'est pas tâche facile. Devant gérer continuellement la quantité d'air dans ma veste afin d'atteindre ma "neutral buoyancy" (habileté à flotter à une profondeur constante), je me retrouve un peu stressé. Le moindre stress sous l'eau affecte le rythme de la respiration. Celà engendre davantage de stress, ce qui affecte encore plus le rythme respiratoire tout en diminuant rapidement mes réserves d'air. Je comprend à ce moment que la plongée est une activité méditative, un art de bien respirer. Bien respirer signifie rester calme et pour rester calme il faut bien respirer. Au delà de la première règle: "ne jamais cesser de respirer", je pense que "calme toi ou crève", devrait être la devise des plongeurs. Lorsqu'on commence à maîtriser l'art de respirer et de flotter, la sensation sous l'eau est proche de celle de voler où d'être en état d'appesenteur. Mon rêve de ti-cul de six ans de devenir astronaute pour explorer des mondes extra-terrestres est en train de se réaliser.

On est dimanche le 3 février, midi. Je reviens de mes deux dernières plongées dans le cadre de la formation: 16,5 et 18m profond. Désormais détenteur du certificat PADI Open Water, je peux maintenant plonger jusqu'à 18m dans toutes les mers du monde (peut-être pas dans le St-Laurent en face de Matane...). Les coraux de la planète n'ont qu'à bien se tenir, le Makou tropical arrive!



Après avoir fait mes adieux aux collègues qui repartent au Cambodge ou dans le nord de la Thailande, je prend une pause de quelques jours pour faire du snorkelling, égaliser mon bronzage, user mon hamac et occuper mes soirées à siroter des Changs (bière locale) ou des buckets de Gin tonique en bonne compagnie.

Vendredi 8 février.

Après plus de dix jours passés sur cette île qui servit jadis de prison, il est temps pour moi de partir explorer d'autres horizons paradisiaques. Pensif devant le bateau de nuit aux allures de rafiot qui doit me permettre de quitter Koh Tao, je me demande sérieusement comment la centaine de touristes qui attendent sur le quai à mes côtés va pouvoir monter à bord sans faire couler l'embarcation...

dimanche 3 février 2013

D'un décalage à l'autre



Vendredi 25 janvier.


Passé maître dans l'art de défaire mes plans au profit d'un coup de tête, je décide de quitter Bangkok en direction des îles du sud. Marilyne essaie de me convaincre de l'accompagner à Kho Phi Phi, l'île où le film The Beach (que je n'ai toujours pas vu) à été tourné. D'accord pour une virée dans ce coin de paradis mais pas avant d'avoir vécu le fameux Full Moon Party qui a lieu le lendemain sur l'île de Kho Phangan. On prend un bus de nuit qui 12 heures plus tard nous mène à la jonction où je fais mes adieux à Miryam pressée de revoir sa plage et ses amis.

Sur le traversier menant à Kho Phangan, je me paye mon premier coup de soleil de l'année. Une camisole et plusieurs bières bu nonchalament sur le pont exposé au soleil me transforment en Capitaine Homard. Depuis ce jour, je fuis le soleil comme la peste en me disant qu'avec la lune il n'y aura pas de problème. C'est ce qui se passe au cours du fullmoon party.

Sympathisant avec un couple de backpackers britanniques rencontrés sur le bateau, nous nous rendons au nord de l'île afin de trouver un logis.



Makou le motard






Louer une moto pour se rendre au party semble être la meilleure option. Je me procure un scooter de 125cc pour 5$/24hr. Pas un mauvais deal du tout pour se promener en zèzète en toute liberté. Je ne me souviens pas à quand remonte la dernière fois où j'ai conduis une moto, mais c'est certainement pas hier et encore moins en conduisant à gauche! Par chance, mon cerveau fait le lien suivant: vélo+4 roues+ski-doo+scie mécanique= moto. Je pense que je m'en sors pas trop mal pour un débutant mais je suis content que le cylindré ne soit pas plus gros.

Mushmoon party

Mes nouveaux compagnons de route et moi nous lançons à l'aventure vers la plage où se déroulera le party de musique électronique. En Thailande, on peut se procurer pour 6-7$ un "bucket" rempli du drink qu'on choisi. Les vodka-Redbull sont très populaire. Le gin tonique me semble être l'option la plus sécuritaire étant donné les circonstances. Kelly et Georges prennent je ne sais plus quel mélange de boisson forte avant de plonger dans la foule au son de la musique techno qui arrive de partout. Mis à part les sceaux d'alcool, j'apprend également que quiquonque veut expérimenter pleinement le fullmoon party se doit aussi de le faire un verre de "mushroom shake" à la main. Pour ceux qui ont besoin d'un dessin: c'est un drink de champignons magique passé au blender.




On se le procure au comptoir d'un bar situé à l'une des extrémités de la plage où un line-up nous prouve la popularité du breuvage. Il nous faut peu de temps pour comprendre que nos 500 B ont été bien investis. Les premières crampes abdominales de fou-rire se manifestent au bout de 20 minutes. La luminosité et les sons commencent s'amplifier et à prendre de drôles de nuances. Une irrépressible envie de rire nous tenaille les entrailles tout au long de la soirée passée à déambuler d'une piste de danse à l'autre sur cette plage transformée en gigantesque "rave". Autour de 4h00 du matin, les effets du drink qui fait rire s'étant estompés, je m'affale sur le sable et m'endors comme un bébé au son du "beat" électronique craché d'un haut-parleur à proximité.






Une caméra par voyage

Je me relève quelques heures plus tard en me demandant ce que je fous à proximité d'une piste de danse sur une plage en plein jour. Bien que la foule soit moins dense que la veille, le party et le "beat" ne semblent pas s'être arrêté pour certains. Pour ma part, je trouve que j'en ai eu ma dose et je n'ai plus qu'une idée en tête: retrouver mon scooter, mon hotel, mon hamac et mes compagnons festifs déjà repartis. En faisant l'inventaire de mes poches, c'est ma caméra qui manque à l'appel. Je regarde sur le sol et fouille le sable de mon matelas improvisé. Rien. Aucune espèce d'idée de l'endroit où j'aurais pu la perdre. Me suis-je fais faire les poches pendant mon sommeil? Si s'eut été le cas, ils auraient pris mon porte-feuille aussi... Elle a sûrement glissé de ma poche au cours de la soirée parce que j'ai sûrement négligé de la ficeler à mon pantalon. Dix jours de photos de voyage perdues!

C'est ainsi que se poursuit ma tradition de sacrifier une caméra par voyage: Asie en 2013, Guatémala en 2012, Brésil en 2010... Heureusement, il me reste mon réflex avec quelques photos de Bangkok dedans.

Après la caméra, c'est moi qui se perd en essayant de retrouver l'hotel. Je roule une bonne demie-heure avant de réaliser avoir pris un chemin qui ne débouche que sur une plage se terminant en cul-de-sac. Je demande mon chemin à une charmante tenancière d'épicerie qui a un joli petit singe comme animal de compagnie. Elle me sort une carte et m'indique par où aller. J'étais vraiment dans le champ mais ça m'a au moins permis de voir du pays. Je passe les 24 heures suivantes à tenter de me remettre de cette peu reposante escapade nocturne.







La plage de Mae Haad à Kho Phangan, pas le pire endroit pour se remettre du Fullmoon party