Tonsai Bay |
Samedi 9 février, 16h00. J'accoste sur cet archipel composé de deux îles principales: Kho Phi Phi Lhe et Kho Phi Phi Don. La première n'est pas habitée et a le statut de parc national. Elle fut rendue célèbre lors de la sortie du film The Beach, en parti tourné sur l'une de ses plages. La seconde île subit le tsunami de 2004 qui détruisit pratiquement toutes les infrastructures qui s'y trouvaient. Ces dernièrent furent reconstruites presqu'entièrement 6 ans plus tard.
Quand la fiesta tourne en cauchemard
L'endroit fut l'année dernière rendue tristement célèbre à nouveau lorsque 2 Québécoises y trouvèrent la mort au fond d'un "bucket" mixé de substances euphorisantes dont du DEET, un insecticide hautement efficace que j'utilise contre les mouches noires et maringouins dans une bouteille de Watkins. Mon DEET, je le préfère en crème sur ma peau que sous forme liquide dans mon ventre. En terme de substances euphorisantes, difficile de trouver moins bio...Après plusieurs mois d'enquête, le dossier de ce malheureux événement reste toujours entouré de brouillard.
Tsunami touristique
Pire que le tsunami de 2004, une autre forme de séisme menace l'archipel. La popularité de The Beach entraina un déferlement de touristes s'intensifiant d'année en année. Chaque jour de la semaine, 365 jours par année, plusieurs bateaux accostent au port de Tonsai Bay pour déverser des chiées de touristes en un flu ininterrompu. Sans parler du prix exagérément élevé d'à-peu-près tout par rapport au reste de la Thailande. Des dizaines de bateaux (tailboats, speedboats, diveboats) pullullent et polluent jour après jours les eaux turquoises des Îles Phi Phi. Maya Beach, lieu du tournage, est devenu si fréquentée qu'il faut se lever vraiment tôt pour avoir un carré de sable où pour faire la crêpe au soleil. Cette tourista chronique a pour effet de dénaturer ce que ce paradis perdu avait de bon à offrir en un temps révolu.
Le débarcadère de Tonsai Bay |
Il reste néanmoins quelques points positifs: j'ai un contact qui connait des coins tranquilles, il y a moyen de faire de la plongée et de l'escalade, les véhicules motorisés sont pratiquement absents sur l'île.
J'avance péniblement en esquivant les bicyclettes et pousse-pousses de livraison manoeuvrés vaillament par des Thailandais impatients qui immitent le son du klaxon pour pouvoir passer. Difficile pour un piéton de progresser à travers la foule de camisoles imprimées "Same Same but Different", "Full Moon Party" et autres clichés de la Thailande. Les bikinis et torses nus abondent également en originalité et exposent nonchalament leurs peaux tatouées de dragons, têtes de mort, signes tribaux, chinois, celtiques etc. Toute cette masquerade me donne l'impression d'avoir aboutit sur l'ile des clônes d'Occupation Double. Pour ce qui est des tatoos, je vais encore passer mon tour et me contenter de montrer mon bronzage de sandales: un magnifique carré brun sur le dessus des pieds!
Je finis par trouver l'un des accès au sentier qui mène à Rantee Beach. Escarpé et peuplé de serpents dont certains vénimeux, il me faut redoubler de prudence avant d'aboutir sur la plage que Marilyne m'avait décrite au début du voyage. Seulement accessible par "tailboat" ou par le chemin que je viens de parcourir, cette dernière est restée relativement intacte et tranquille comparée à l'autre partie de l'île.
Marilyne, que j'ai rebaptisée "Lonely Prunette" lorsqu'on s'est rencontrés à Bangkok (parce que ses talents de guide de la Thailande sont bien plus utiles que la dernière édition du Lonely Planet), se pointe autour de 20h à la table du resto du Sunshine Bungalows. Je suis heureux de retrouver cette aventurière de 5'1, en sueur sous son sac-à-dos rempli de matériel d'escalade. On se raconte nos péripéties des dernières semaines autour d'une bière avec le son des vagues à quelques mètres et la musique reggae sortant des haut-parleurs du resto. Celle qui a choisie la Thailande pour étudier l'herboristerie par internet, s'offre aussi un trip d'escalade sur la magnifique parois de Tonsai Beach, à une demie-heure de marche.
Amateur de contrastes, je délaisse l'ivresse des profondeurs pour la folie des hauteurs. Le matin du 15 février, je décide d'aller grimper. Pour moins de 20$, il est possible de louer un kit de base pour la journée. Après s'être tapé les 45 minutes de marches menant à la parois et avoir esquivés singes et serpents, Lonely Prunette m'explique comment assurer un premier de cordée. La première grimpe sert de réchauffement et se passe très bien.
Beno et Yvonne, les partners allemands arrivent entre temps et nous partons essayer une seconde route. Mon coeur reste suspendu quelques secondes au cours de cette grimpe d'un niveau de difficulté hautement supérieur. Beno monte en premier de cordée péniblement et Marilyne réussie de peine et de misère en poussant des hurlements d'accouchement douloureux. Je suis le troisième à tenter de relever le défi. Au moment où le débutant que je suis tente de vaincre un surplomb insurmontable, un son similaire au craquement d'une branche se fait entendre en provenance de mon harnais. Suspendu dans le vide à 5-6 mètres du sol, je tente de comprendre si je vais mourir bientôt. "Is there anything wrong with your harness? demande Beno en train de m'assurer. I think so!" de lui répondre en faisant signe de me redescendre. La corde et le harnais me tiennent toujours. Une petite sangle sous laquelle la corde doit passer une première fois était mal attachée et s'est défaite sous la tension. Par chance, ce n'était pas un point d'ancrage important du harnais. Le moins qu'on puisse dire, cette seconde tentative ne m'as pas procurée autant de plaisir que d'adrénaline.
Les deux routes suivantes s'avèrent beaucoup plus agréables et je repars satisfait de ce premier contact avec une parois de calcaire lisse et invitante. Il fait déjà presque nuit lorsque nous quittons le site de grimpe armés de bâtons contre une éventuelle embuscade de singes. J'accompagne Beno et Yvonne au resto alors que Maryline, pressée de rentrer, reprend le sentier menant à Rantee Beach. Je finis par entrer au bercailles autour de 4am après une nuit arrosée dans un bar terrasse sur le toit d'un immeuble et une pause dans un hamac squatté près de la plage.
Lonely Prunette en pleine action |
Beno et Marilyne |
Quand Makou se prend pour un singe |
Le sac-à-dos chargé d'une lourde corde d'escalade et une nuit presque blanche imbibée d'alcool ralentissent considérablement mon rythme. Je monte péniblement les 337 marches du début du sentier. Étant la première fois que je fais le trajet de nuit seul, je me perd un peu. L'aboiement d'un chien confirme mon retour sur la bonne voie et peu de temps après, j'entamme la descente du segment escarpé jusqu'à la plage. Un peu plus loin, le faisceau de ma frontale éclaire un premier serpent. Mon pied s'arrête à deux pas de sa tête verdâtre alors qu'il se défile vers la gauche. Il mesure autour de 50 cm et ressemble pas mal à nos innofensives couleuvres québécoises. La Thailande est un de ces pays hébergeant un très grand nombre d'espèces vénimeuses. Aucune idée si ce specimen en fait partie mais comme le centre anti-poison le plus proche me semble à des millions de kilomètres, je me vois dans l'obligation de ralentir le pas davantage...
Il ne me faut que quelques minutes avant de voir un second reptile apparaitre pratiquement sous mon pied. Belle petite bête en randonnée nocturne sortant des profondeures de la jungle. Celui-ci est plus petit et d'un noir luisant. J'ai comme l'impression de l'avoir échappé de justesse. Impression confirmée le lendemain en discutant avec des gens me décrivant le look d'un serpent mortel correspondant exactement avec cette sympathique créature. Règle générale, mis à part les brûlots, je ne suis pas trop stessé par les habitants de la forêt. Cette fois-ci par contre, je dois avouer retrouver Rantee Beach dans un soupir de soulagement...
Prendre ça relaxe à Rantee Beach |
Un voleur aux aguets |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire