mardi 12 février 2013

Makousteau




 


 Mercredi 30 janvier,
 
Quand t'apprend que l'île voisine est l'une des capitales mondiale de la plongée sous-marine, tu te dis que ça serait vraiment idiot de ne pas essayer. À 13$/ la saucette après avoir fait la certification PADI "Open Water" qui elle-même ne coûte que 300$ incluant 3 nuits d'hébergement, la tentation est pour le moins qu'on puisse dire, irrésistible.

À Koh Tao, en terme d'écoles de plongée, c'est l'embarras du choix. Émilie et Pierre-Yves, avec qui je suis allé voir un match de "ping pong" à Bangkok, m'avaient déjà conseillés un bon endroit. Je me fais toutefois influencé par un vendeur à commission qui dans le traversier me convainc de m'inscrire auprès de la réputée école New Way Diving ( référée par Lonely Planet et blablabla...) La féroce compétition entre les écoles de plongée me permet de négocier un deal confortable.

La formation commence le lendemain en fin d'après-midi. Que de la théorie... Assis dans une salle de classe avec mes trois partenaires débutants, on regarde une vidéo expliquant les principes de base de la plongée et on remplit un petit questionnaire mettant à l'épreuve ma mémoire à court terme. Puis, on passe les trois jours suivants dans l'eau à pratiquer les différentes techniques de la certification de base permettant de plonger à une profondeur maximale de 18 mètres.

Tout sauf inspirant!

J'ai fais beaucoup de plonge au salaire minimu dans des éviers crasseux de cuisines de restos, mais je me sens vraiment débutant au moment d'enfiler pour la première fois la quincaillerie d'homme-grenouille. Maladroit et inconfortable avec ces palmes qui serrent les chevilles et emprisonnent les orteilles; ce masque qui m'écrase le tour des yeux et ce tuba taché de moisissures et autres résidus laissés par je ne sais combien de milliers d'apprentis-cousteaux. Sans parler de cette masse froide, humide et poisseuse à l'odeur douteuse qu'on appelle à juste titre un "wet suit"; ou du réservoir d'où partent des tentacules de cahoutchouc dont l'une doit aller dans ma bouche pour me servir de respirateur artificiel une fois sous l'eau...



Après avoir fait le check-up de l'équipement avec mon "diving buddy", un Australien rigolo dénommé Josh, je me retrouve en équilibre précaire sur le bord du bateau. Je gonfle ma veste de flottaison, place le régulateur dans ma bouche, la paume de ma main droite sur ce dernier, deux doigts sur le masque, main gauche sur la boucle de ceinture de poids, un grand pas en avant pour le Québec et PLOUF!!! Le poids de l'équipement disparait, me voici en train de flotter en compagnie de mes trois collègues et de mon instructrice qui nous dit de cracher dans nos masques pour en enlever la buée avant de nager vers le rivage. Vive la souillure!





Nos premiers exercices ont lieu en eau peu profonde près d'une plage où se prélassent des sirènes en bikini. La vue de ces dernières compromet sérieusement mon apprentissage. Mieux vaut rester la tête sous l'eau.





Ne jamais cesser de respier

Après cette première séance d'exercices de base terminée, nous reprenons le bateau pour aller pratiquer à 5m de profond dans un autre secteur. Les premières sensations d'être dans une autre dimension se manifestent. La seule chose audible est le son de ma respiration accompagnée de centaines de bulles. Des poissons multicolores viennent me saluer alors qu'un paysage de corail se dévoile sous mes palmes. Tout est comme un rêve et j'ai un peu l'impression de perdre contact avec la réalité.

Le contrôle de la flottaison n'est pas tâche facile. Devant gérer continuellement la quantité d'air dans ma veste afin d'atteindre ma "neutral buoyancy" (habileté à flotter à une profondeur constante), je me retrouve un peu stressé. Le moindre stress sous l'eau affecte le rythme de la respiration. Celà engendre davantage de stress, ce qui affecte encore plus le rythme respiratoire tout en diminuant rapidement mes réserves d'air. Je comprend à ce moment que la plongée est une activité méditative, un art de bien respirer. Bien respirer signifie rester calme et pour rester calme il faut bien respirer. Au delà de la première règle: "ne jamais cesser de respirer", je pense que "calme toi ou crève", devrait être la devise des plongeurs. Lorsqu'on commence à maîtriser l'art de respirer et de flotter, la sensation sous l'eau est proche de celle de voler où d'être en état d'appesenteur. Mon rêve de ti-cul de six ans de devenir astronaute pour explorer des mondes extra-terrestres est en train de se réaliser.

On est dimanche le 3 février, midi. Je reviens de mes deux dernières plongées dans le cadre de la formation: 16,5 et 18m profond. Désormais détenteur du certificat PADI Open Water, je peux maintenant plonger jusqu'à 18m dans toutes les mers du monde (peut-être pas dans le St-Laurent en face de Matane...). Les coraux de la planète n'ont qu'à bien se tenir, le Makou tropical arrive!



Après avoir fait mes adieux aux collègues qui repartent au Cambodge ou dans le nord de la Thailande, je prend une pause de quelques jours pour faire du snorkelling, égaliser mon bronzage, user mon hamac et occuper mes soirées à siroter des Changs (bière locale) ou des buckets de Gin tonique en bonne compagnie.

Vendredi 8 février.

Après plus de dix jours passés sur cette île qui servit jadis de prison, il est temps pour moi de partir explorer d'autres horizons paradisiaques. Pensif devant le bateau de nuit aux allures de rafiot qui doit me permettre de quitter Koh Tao, je me demande sérieusement comment la centaine de touristes qui attendent sur le quai à mes côtés va pouvoir monter à bord sans faire couler l'embarcation...

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