lundi 18 février 2013

Épisode 5: En route pour Kho Phi Phi









Vendredi, 8 février, Kho Tao.

 Cordés comme des clandestins dans un container, les derniers arrivants ont droit à des tapis de fortune en guise de couchette, les moins chanceux doivent se débrouiller comme ils peuvent. Le trajet qui dure toute la nuit s'annonce tout sauf confortable. J'ai au moins la chance de m'être fait assigné une place avec matelas. Mes voisins de droite doivent s'en passer.


Une demie-heure après l'appareillage, je vais faire un tour sur le pont avant du navire. Dégustant ma grosse "Chang" devenue tablette je contemple, pad battant au vent, les lumières de Koh Tao s'éloignant dans la nuit. Trois sans-couchettes anglophones se joignent à moi. Nous discutons des conditions de vie misérables des pauvres backpackers que nous sommes et arrivons à cette conclusion: on est beaucoup mieux dehors. Pour dormir à la belle étoile au son des flots, du doux ronronnement du moteur et de cette suave odeur de diesel me rappelant mon été de pêche au turbot en Gaspésie, je suis prêt à troquer le confort de mon matelas contre un tapis à prière musulman. L'un des anglais accepte ma proposition.

Ce n'est pas ma meilleure nuit de sommeil mais je suis content de sentir la brise et d'entendre les vagues. Autour de 4hr am, je sens le moteur ralentir. Serais-ce que nous approchions de notre destination? Je m'asseois et me roule une clope en scrutant l'horizon. Nous venons d'entrer dans un chenal étroit balisé par des bambous plantés à interval régulier. Le timonier ne semble pas avoir grand jeu pour manoeuvrer et lorsqu'il traverse la ligne de perches à tribord, la menace de s'échouer m'apparait plus que réelle. À mon grand soulagement, le barreur retrouve sa lucidité à temps et ramène son embarcation sur le droit chemin.

Nous croisons de petits bateaux de pêche à peine visibles dans l'obscurité qui persiste. Les lumières de ce qui semble être une ville éclairent l'horizon d'une lueur jaunâtre. On a décidément quitté la mer pour naviguer en remontant une longue rivière aux abords de laquelle Surathani est construite. Ma vessie m'indique qu'il est temps de retourner aux toilettes situées à l'autre extrémité du bateau. J'enjambe non sans difficulté les corps de plusieurs backpackers plus ou moins endormis. Une bonne dose de concentration est nécéssaire pour éviter d'écraser un bras, un pied ou une tête au passage.

5h am. On finit par accoster. Les sacs-à-dos sont sortis de la cale et déposés sur le quai devant les regards impatients de leurs propriétaires. Après avoir récupéré le miens, je me fais des provisions pour le long trajet de bus qui m'attend. Un minibus me dépose à la gare centrale où je prend un gros bus direction Krabi. Ce segment du voyage est passé à cogner des clous dans une alternance de demi-sommeil. Emmitoufflé dans mon sac de couchage d'été, je tente de survivre l'air climatisée ridiculement réglée au maximum.








10 am, Krabi.

Peu impressionné par la chaleur accablante qui m'assaille après avoir passé je ne sais plus combien d'heures dans un congélateur roulant, je me trouve un taxi à prix raisonnable pour le centre-ville. Mon plan de match pour la suite est à ce moment encore vague. Je sais que je veux me rendre à Koh Phi Phi faire un coucou à Marilyne mais l'idée de faire escale à Krabi m'effleure l'esprit.

À peine mon sac-à-dos posé au Good Dream guesthouse, on me refuse l'accès à une prise de courant dans laquelle j'espérais brancher mon portable. L'électricité coûte très cher me dit-on. Il faut dépenser au minimum 250B pour avoir droit à ce privilège... je décide que Krabi ne fais pas partie de mon destin aujourd'hui. Je me prend aussitôt un billet pour Phi Phi partant en début d'après-midi.

En attendant le traversier, je flâne à la marina où un sloop d'une quarantaine de pieds avec l'unifolié comme pavillon attire mon attention. Je me fraie un chemin jusqu'au voilier et jase avec le capitaine Ontarien. John, sa femme et ses trois enfants sont partis des Grands-Lacs il y a 4 ans et demi pour faire le tour du monde. Qui n'essaie rien n'a rien. Je demande à tout hasard s'ils ne voudraient pas d'un équipier pour un prochain segment de leur périple. Réponse négative mais rencontre inspirante. Je repars attendre le traversier en rêvessant de voyages en mer hypothétiques...

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