mercredi 10 avril 2013

Épisode 12: Motorcycle diarrhées part.2





À Luang Namtha, ce sont des personnes agées de la tribue Aka qui traffiquent l'opium sous couverture d'artisanat.



Jour 1:

Gommés de la veille par un trip d'opium acheté à une vieille Aka au night market, nous quittons Luang Namtha vers 11h direction Oudom Xai. Romain, un globe trotter français de 6' 5'' qui voyage à vélo et sympathisant des Rock Ma Chine, nous rattrappe en fin de journée et nous repartons sur la fiesta pour une seconde nuit. Dépassant largement le couvre-feu Laosien de 23h, nous nous cognons le nez sur la porte du guesthouse que personne ne viendra ouvrir malgré nos appels. Nous sommes ainsi contraints de sortir nos talents de ninjas et d'escalader la cabine d'un pick-up pour atteindre le balcon donnant accès à notre chambre d'hotel. Toute une fin de soirée.

Romain a les 5 continents dans les rotules.


Jour 2:

Le géant à vélo prend la route la plus directe menant vers Luang Prabang puis Vongvieng, où on se rejoindra quelques jours plus tard. Quand aux motards, nous nous dirigeons vers une petite ville du nom de Muang Khua. Le but de l'opération est de mettre les bécannes sur des péniches et descendre la rivière Nam Où jusqu'à Nong Khiew, une centaine de kilomètres en aval, d'où nous complèterons la boucle jusqu'à Vongvieng.

Embarquer les motos sur ces étroites péniches ne fut pas tâche facile.


Jour 3:

Ce matin j'ai la nausée et vraiment pas d'appétit. Il me faut plus d'un effort pour mettre la moto sur la chaloupe qui à tout moment menace de verser à babord comme à tribord. La rivière est étroite avec plusieurs rapides zigzaguant entre des rochers très pointus qui nous font redouter un naufrage imminent. Le moteur est tellement bruyant qu'on est incapable de s'entendre parler. Je me bouche les oreilles avec mon I-pod en contemplant le paysage marqué d'un imposant massif montagneux. Après la deuxième heure, nous faisons escale dans de charmants petits villages où des légions d'enfants pêchent et se baignent avec le bétail.

Au long de la rivière Nam Ou:

 
   



L'arrivée au débarcadère de Nong Khiew permet enfin de prendre congé des inconfortables banquettes de bois et du vacarme infernal du moteur. Toutefois, le doute se manifeste dans nos esprits lorsque nous constatons que la rive où nous accostons est entièrement dépourvue d'accès à la rue située à quelques dizaines de mètres du niveau de la plage. Seul un escalier escarpé permet de s'y rendre. Impossible de monter les lourdes bécannes par là, encore moins avec un pied handicapé. Je repère un semblant de sentier sur la rive opposé et propose au skipper de nous y amener.


Un débarcadère mal-foutu


Après avoir débarqué les motos non sans difficulté, nous tentons l'opération la plus périlleuse de l'expédition à ce jour. Je pars à pied pour vérifier l'état du sentier sablonneux qui mène à la rue. À pied ou à vélo de montagne pas de problème, avec une moto de route chinoise, c'est une autre histoire. On se fait un caucus sur la stratégie à adopter pour venir à bout de ce single track full cross expert mal foutu. Une bande d'enfants agés de 10 ans sont prêts à nous prêter main forte... Première étape, les motos. On s'occupera des baggages après.

Julien s'élance en premier pour rocker sa Chine. Il prend presque le clos après quelques mètres et un coup de gaz de trop. Contraint de descendre de sa monture qui rue dans le sable, on se met à pousser à destination du sommet de la butte. Les irrégularités du sentier envoient Julien et sa moto dans le clos. 3 fillettes pouffent de rire devant nos malheurs tenant lieu de spectacle. Sans fracture ou blessure, on recommence l'opération qui nous fait suer quelques litres d'adrénaline avant de réussir à atteindre la rue.

Forts de cette première expérience éprouvante, on hisse ma moto avec un peu moins de difficulté mais il nous faut plusieurs minutes pour récupérer notre souffle et partir à la recherche d'un endroit où dormir. Je lègue un paquet de bananes en guise de pourboire aux morveux qui nous ont moins aidés par leur force que par leurs bonnes intentions.

Jour 4:

160 km sur une route sinueuse où la liste d'obstacles à éviter est longue: nids de poules, poules, roches, vaches, truies, branches, paysans chargés de branches, enfants, chiens, véhicules venant en sens inverse dans les étroits virages. Il faut klaxonner à chacun d'eux pour signifier notre présence. Par chance il y a très peu de traffic. Le paysage montagneux est magnifique mais trop brumeux pour voir loin. Ma moto sonne de plus en plus la cacane et je commence à me demander si c'est normal.

"Makou, tu trouves-pas que t'as moto fait un drôle de bruit?..."


Nous atteignons Viengthong à 17h. Mon transit intestinal n'est toujours pas normal et j'hésite encore à ingérer du solide. Je me risque à commander une soupe au poulet au seul resto de ce bled paumé encore ouvert. On me sert un bol de cartilage à un prix ridiculement élevé. Je retourne à ma chambre faible et dégouté avec le pire des karaokés comme trame sonore. Je crois comprendre le principe: celui qui chante le plus mal gagne. Même la vache d'à côté y participe. Belle nuit blanche en perspective la tête sur un oreiller empestant le pouch-pouch de grand-mère. Il me reste mon I-pod pour me consoler.

Jour 5:

Deux séances de chiasse avant de repartir ce matin. Je m'auto-prescrit un régime d'Immodium et de bananes pour la journée qui déjà à dix heures du matin pète les 35 degrés.

On fait une pause de 2 heures en mi-journée. À l'ombre de gros arbre, j'en profite pour rentabiliser un hamac acheté en Thailande au début du voyage. Ma condition intestinale semble stable. Je poursuis la route une banane à la fois.



À 25km de notre destination, un Laosien surnommé Tom arrive en scooter et s'arrête au bord de la route pour nous piquer une jasette. Sa jeune soeur est assise à l'arrière. Il s'en vont à Muang Khong pour la semaine afin d'aller à l'école. Chaque fin de semaine, ils retournent à leur village 40 km plus loin pour travailler dans les champs avec le reste de la famille. Ainsi va la vie au Laos rural.

Le son de ma bécanne ressemble de plus en plus à celui d'une mitraillette. Demain, changement d'huile et check-up à Phonsaban.

Jour 6:

When shit hits the fan...

J'arrive chez le mécano au volant d'une moto qui sonne de plus en plus comme une Kalachnikov. Si j'avais su une semaine plus tôt que le changement d'huile se transformerait en changement de moto, j'aurais probablement changé d'idée. Quand j'ai vu le visage des mécanos réagir au son du moteur au moment de redémarrer, j'ai compris que quelque chose de douteux affligeait ma machine. "No good, no good, engine no good!!!" me dit la mécanicienne en chef (scène assez surréaliste que celle d'une fille travaillant dans un garage au Laos). On me propose de démonter le moteur pièce par pièce pour voir si c'est réparable. Je me croise les doigts en priant bouddha. Je reviens deux heures plus tard pour le diagnostique. La pièce défectueuse est un engrenage qui semble relier l'alternateur aux pistons. Il y a un jeu anormal entre les deux pièces, ce qui explique le son de claquement. Poursuivre la route avec cette condition risquerait de me mettre dans le trouble au milieu de nul part sur une route montagneuse...



Personne ne parle plus de deux ou trois mots anglais dans ce coin de pays faisant augmenter radicalement le niveau de difficulté dans ce genre de situation. On me propose de changer de moteur... pour la somme de 2 millions de kips (240$). Une shop de moto voisine a un moteur de Zongshen flambant neuf. La mécanicienne me donne un coup de main pour essayer de savoir si j'ai droit a une garantie en téléphonant à la shop de Luang Namtha où j'ai acheté la moto. On me répond qu'ils doivent voir la bécanne en personne pour pouvoir faire quoi que ce soit. Retourner au point de départ est une option moins qu'intéressante. Il me reste à décider si je revend la moto pour les pièces le tiers du prix que j'ai payé ou bien remettre près du tiers du prix payé pour un moteur neuf qui ne sera pas nécéssairement plus fiable que celui qui gît déchiqueté à mes pieds.

Bonne nouvelle, mes intestins sont de retour sur le droit chemin et me permettent de digérer ma première bière en 4 jours de sevrage forcé. Avec Julien et Femke, je discute du dilemme et me laisse la nuit pour y réfléchir. Mes compagnons de route sont prêts à attendre l'issue de la situation avant de repartir.

Jour 7:

Résurrection

Rien comme 2-3 Beerlao et une bonne nuit de sommeil pour prendre une décision éclairée. Je décide de jouer le tout pour le tout et continuer le road trip au sein des Rock Ma Chine en changeant de moteur. Au point où j'en suis, je n'ai plus grand chose à perdre. En arrivant au garage, la mécano me dit que je peux carrément changer de moto auprès de la shop d'à côté qui vend exactement le même modèle. Le deal semble plus intéressant. Me reste à essayer la bécanne et m'assurer qu'elle n'est pas affligée du même défaut de fabrication. Road test concluant et confirmation de mon experte mécanicienne au beau sourire, je peux partir avec cette moto qui ronronne comme un ti-minou comparé à l'ancienne. J'annonce la bonne nouvelle à mes camarades et nous reprenons la route où nous l'avion laissée la veille: direction Vongvieng.

Bien que ma confiance envers les Chinoises neuves eu pris un sal coup, ma nouvelle monture de couleur rouge me mène à bon port deux jours plus tard en gardant son doux ronronnement.

lundi 1 avril 2013

Épisode 11: Motorcycle diarrhées part. 1



 

Des fourmis dans les jambes

J'ai toujours aimé la randonnée pédestre, surtout en voyage. La marche est une façon exceptionnelle de découvrir un coin de pays et ses habitants à un rythme naturel et méditatif. Partir en trek pour plusieurs jours dans dans l'arrière pays est l'une des activités qui m'apportent le plus de satisfaction à l'étranger. Malheureusement, à cause de la lente guérison de mon pied blessé en Thailande le mois dernier, je dois mettre en veilleuse tout projet de trekking pour ce voyage-ci.

Passer le temps à regarder le quotidien des Laosiens et jaser avec d'autres touristes en sirotant fruit shakes et bières devant un guesthouse est peut-être divertissant mais l'Indiana Jones en moi commence à avoir les fourmis dans les jambes. Louer des scooters pour faire des boucles de quelques heures à quelques jours afin d' explorer une région est une option très intéressante, mais est-ce vraiment ce qu' un aventurier intrépide et assoifé de liberté a besoin?



Soumis à la tentation

Lorsque Julien et Femke reviennent du concessionnaire de bécannes chinoises au cours de la matinée du 16 mars avec une 150 cc flambant neuve dotée de portes-baggages et payée 900$, je me dit que c'est peut-être un signe du destin. Pourquoi ne pas suivre leur exemple et me libérer enfin de la dictature des agences de voyages, horaires de bus, minivans et tuktuks qui concentrent tous les touristes aux mêmes endroits à faire les mêmes activités.




N'étant pas du genre compulsif, je décide de prendre le temps de peser le pour et le contre avant d'ouvrir mon porte-feuille. Tout comme moi, les camarades français comptent rester autour de Luang Namtha une ou deux journées de plus afin d'explorer les villages tribaux environnants avant de poursuivre leur périple vers le sud. Je loue un scooter semi-automatique pour deux jours et pars avec eux vers Muang Singh, un village situé à quelques 50 km au nord de Luang Namtha.

 

 
Mon scooter de location est une véritable canne de conserve sur roues et fait un tapage peu rassurant à la moindre bosse. Je peux au moins me familiariser avec la pédale à clutch sans avoir à me soucier de la poignée de clutch. Un pas de plus vers le 100% manuel.

On mange la poussière des routes de l'arrière pays en traversant des villages de huttes sur pilottis aux rues achalandées d'animaux de ferme, d'enfants souriants courant à moitié nus et qui en nous voyant nous saluent énergiquement. Avec étonnement, on découvre une table de billard dans un des ces villages dont on ne sait même pas le nom et on se fait une partie devant un attroupement d'enfants et de villageois visiblement pas habitués de voir des falangs dans leur patelin. La communication est limitée au gestes et mimiques qui ne donnent pas toujours les résultats escomptés. Je ne suis même pas certain qu'ils parlent le Laosien. C'est le genre d'expérience authentique à laquelle la moto donne accès.

Comptant retourner sur Luang Namtha le lendemain, nous passons la nuit dans un hotel chinois à Muang Singh. Là encore, on doit sortir nos talents de mimes pour faire comprendre qu'on veut des chambres et réussir l'exploit de faire baisser le prix de ces dernières. Le processus est tout de même très amusant.

Pencher pour le ``Oui`
 La Zongshen des Français semble tenir la route. De plus en plus obsédé par l'envie de voyager sur ma propre monture, je me laisse une dernière nuit pour prendre une décision. L'option du Oui est constituée d'arguments tels que: Il me reste 1 mois de voyage, louer pour plusieurs semaines et faire une boucle me plait pas trop parce que le Laos est mal foutu en terme de choix de routes et les boucles intéressantes sont plutôt rares. En général, j'aime pas trop revenir sur mes pas et préfère me rendre du point A au point B en faisant escale entre les deux. En allant vers le sud, j'aurais des compagnons de route pour un certain temps car mes camarades on à-peu-près le même itinéraire que moi en tête...

Rock Ma Chine

C'est ainsi que le lendemain matin, une nouvelle bande de motards naissait: Les Rock Ma Chine. Ma première moto à vie allait être une Chinoise de marque Zongshen, 125cc, noire, dotée de portes-baggages et de renforts en métal au niveau du guidon et des jambes. Un look d'enfer! Le prix: 7,8 millions de Kips soit un peu moins de 1000$. Les guichets automatiques du Laos ne permettent pas de retirer plus d' 1 million de Kips à la fois. Ma carte de débit Desjardins m'impose une limite de 500$ par jour et ma Visa bloque après 3 retraits à cause d'un système de prévention de la fraude. Bonne chose mais dans ce cas-ci, un moment désagréable à passer. 2 appels Skype auprès de Visa et plusieurs allez-retours à différents guichets sont nécéssaires avant d'enfin pouvoir finaliser l'achat de ma nouvelle compagne Asiatique.


Fin de journée, je pars avec Julien faire un road test concluant à l'extérieur de la ville. La vitesse de croisière confortable sur le pavé semble être de 70km. Prêts à entamer un premier tronçon de notre périple vers le sud dès le lendemain matin, nous sortons nos cartes routières pour planifier l'itinéraire.

lundi 25 mars 2013

Épisode 10: La route de l'Indochine


 

 

 
 
 
 
 

Les tours jumelles de Kuala Lumpur
En arrivant dans le China Town de Kuala Lumpur, je me paye un lit dans un guesthouse propre avec air climatisé conseillé par un gars de Vancouver rencontré dans le bus. Il fait chaud à l'extérieur, c est bruyant et l air est lourd. Je suis toutefois agréablement surpris du coté chaotique de cette ville que je croyais plus aseptisée. Un heureux mélange de moderne et d ancien saupoudré d'une diversité culturelle tres colorée. Je n'y passe qu une journée complete car je dois me rendre a l aéroport a 4 am pour m envoler au Laos.

Vincent


Jess
L'état de mon pied s ameliore au point de pouvoir boiter jusqu au centre-ville en prenant le métro pour aller voir les tours jumelles. Impressionant trip d'architecture.Au cours de la derniere soirée, je pars errer dans le marché nocturne du China Town.

C'est autour d un stand a biere ambulant que je croise Jessica et Vincent qui tout comme moi essayent de négocier un meilleur prix pour les canettes de bière. Pas le choix d aller prendre une bière avec ce couple de Québécois sur la route depuis deux ans. Vincent boit pour oublier qu il s est fait volé son passeport dans un bus la veille. On passe la soirée à trinquer sur le toit de leur hotel et ça fait du bien de pouvoir parler dans sa langue maternelle. Au cours de la conversation, je mentionne Sainte-Anne-Des-Monts et Jessica m'apprend qu'on a des connaissances communes en Gaspésie. Le monde est petit que je me dis en repartant un peu pompette a 2 am vers l'aéroport.

À 3,50$ la nuit, dur de trouver moins cher



Sabaidee Laos
Le vol d Air Asia a 30$ que j avais réservé deux semaines plus tot atterri a Vientiane, capitale du Laos, le matin du 3 mars. L aéroport est si petit qu il me fait étrangement penser a celui de Kuujjuuak. Contrairement aux autres nationalités, seuls les Canadiens et les Afghans doivent payer la somme de 42$ pour obtenir un visa de 28 jours à l'arrivée. J'ai pas croisé beaucoup d'Afghans encore...

Un tuktuk négocié durement m'amene au centre-ville ou je trouve un gesthouse pour moins de 4$ la nuit dans un dortoir à 8 lits. La quiétude qui règne dans la capitale m'impressionne. L' ambiance est celle d un village de campagne. La proximité d'un salon de massage et d'un petit resto ou les sandwichs a 2 dollars sont délicieux comblent mon état de sédentaire à moitié invalide. Je passe le temps à regarder le quotidien des Laosiens en sirotant des bieres et en faisant des rencontres amusantes avec d'autres touristes.
Cette Honda a fait le Vietnam
Lundi 5 mars, je suis témoins d'une scène inspirante: un Hongrois en train de vendre sa Honda usagée à un Francais devant mon guesthouse. Tel un paparazzi Je prend des photos de la transaction se déroulant sous mes yeux tout en épiant leur conversation. Le Hongrois s'est procuré la moto à Ho Chi Min, a traversé le Vietnam du sud vers le nord, est entré au Laos par le nord pour aboutir jusqu'ici. Un roadtrip incroyable qui me titille... Je suis jaloux du Francais en train d acheter le Honda pour 300$, et qui demain pourra rouler librement.

Mais j' ai encore le pied estropié et je ne sais pas conduire une moto a "clutch". Je me contente donc de louer un scooter automatique en me balladant avec une Laosienne qui me fait découvrir les environs...

Vendredi 8 mars, Luang Prabang.


Le cerveau au ralenti par une nuit de sommeil agité sur la route tortueuse a bord d' un bus VIP doté de couhettes. Ma demie nuit de sommeil partgée avec un autre touriste m'impose de prendre un café en débarquant dans la ville historique devenue nettement touristique.

Dormir en cuillère avec un autre touriste, le summum d'un trajet en bus de nuit...


Kampai!
C' est l'endroit où Mariko, une Japonaise rencontrée au cours d'un voyage au Brésil 3 ans plus tôt m'a donnée rendez vous pour de chaudes retrouvailles. On passe quelques jours à Prabang en faisant des activités de touristes soft tels une sortie en bateau au coucher de soleil avec une bouteille de vin; visite d' un sanctuaire bouddhiste dans une grotte, location de vélos pour explorer la ville un peu trop touristique à mon goût. Et beaucoup de temps dans la chambre d'hôtel...


Après avoir mangé du crocodile surévalué pour sa texture de semelle de botte en soupant sur l'artère bondée de falangs qui sur la carte de la ville porte le nom original de Tourist Street, on décide qu'il est temps de déménager en amont du Mékong.


Des moineaux et des moines

 
Mardi 12 mars, je me réveil au cri du maudit coq qui semble résider dans la chambre d'à côté et je vais nourrir les moines qui défilent par centaines avec leur bol pour récolter les dons des villageois dans une rue adjacente. L'expérience est intéressante mais j'ai plus l'impression de nourrir des moineaux dans un parc que des moines.


 
En amont du Mékong
 
Pour environ 30$, on peut faire une croisière de 2 jours sur le Mékong entre Luang Prabang et Hue Xai, ville frontalière de la Thailande, plus au nord. On appareil à bord de cette chaloupe à moteur faite en longueur et dotée de bancs d'autobus recyclés pouvant loger une bonne trentaine de personnes. Paysages pittoresques et petits rapides, rives parsemés de pêcheurs, enfants et bétail qui se rafraichissent, paysans transportant des bambous, de quoi remplir une carte mémoire de 2G assez vite et faire rêver d'expédition de canot-camping sur ce monstre de 4000km serpentant à travers l' Asie.

Arnold Lao
Après avoir picolé et joué à un jeu de cartes nommé Bullshit avec un Californien et un bodybuilder-entertainer laosien qui essayait de nous vendre son produit qui fait grossir les muscles, nous faisons escale dans un bled du nom de Pak Beng, situé a mi-chemin. Dans ce petit village pittoresque, on se fait offrir de l'opium et du ganja par plusieurs locaux. Je préfère m'abstenir pour l'instant car la tronche des dealers ne m'inspire pas et je ne sais pas comment apprêter la substance ni combien je dois payer sans me faire avoir. On décide de rester 2 jours à cet endroit contrairement à la plupart des voyageurs qui ne s'y arrêtent que pour la nuit. Gratifiante journée sans touristes passée avec les locaux forts sympathiques. On commence à se sentir dans l'arriere pays avec vue sur les montagnes bordant le Mékong. Dommage qu'on ne puisse pas y louer de moto car mon pied limite toujours mes déplacements.










 
Il s'appelait ``Better``


15 mars, Hue Xai
.
Mariko, avec qui j'ai à nouveau rendez-vous deux semaines plus tard, repart le matin même pour un meeting important au Japon. Seul avec mon pied estropié dans cette ville paumée, il est hors de question que je reste plus longtemps à cet endroit sans scooter de location.

Je pars en minivan direction Luang Namtha le lendemain matin. L' un des passagers a les intestins aussi sinueux que la route menant à destination et on doit arrêter deux fois en quatre heures pour qu' il puisse faire don de son déjeuner à l'accotement. Pendant le trajet, le bruit de fond d' instestins révoltés du malheureux touriste est largement compensé d'une trame sonore typiquement Laosienne sur laquelle je me concentre pour éviter d'attraper le vomivite à mon tour.

 En arrivant à la gare de bus, je fais connaissance avec un couple de Français qui partagaient mon minivan. Cette rencontre avec Julien et Femke, qui bourlinguent en Asie et en Australie depuis déjà un bon moment influencera radicalement la suite de ce voyage...

 
Pause vomi sur l'accotement
 
 
 
 
 
 
 
 


 

 

 

 






 
 
 
 
 
 
 

 

vendredi 15 mars 2013

Épisode 9: Riders on the storm

 
 
 
 

 
 
Ma vie d'handicapé aurait été beaucoup plus misérable si je n'avais eu la possibilité deme ballader en scooter. Sans perdre de temps je vais voir un dealer de moto grognon et un peu fêlé qui se fait appeler "Happy Ken". Le Malaisien au "Happy" discutable me loue un bicycle à gaz pour 25R (8$) la journée. Je peux désormais aller jouer dans le traffic peu reposant de Georgetown.
Premier arrêt: l'hôpital général de Penang, département des pieds scraps. Après avoir rempli la paperasse, arpenté les corridors trop longs, payé mon examen et attendu beaucoup moins longtemps qu'au Québec, je reçois mon diagnostique. Aucune fracture, juste des tendons et ligaments étirés. Recommandations: marcher le moins possible et prendre mon mal en patience. Mes ambitions de trekkeur s'envolent en fumée mais je me console en pensant à mon Harley de 125cc.
Profitant de ma liberté relative, je pars explorer les rues de Georgetown en pestant contre ses sens-uniques et la densité du traffic. En contrepartie, la gentillesse et l'hospitalité naturelle des Malaisiens me surprend chaque jour. Ce peuple semble vivre harmonieusement malgré la diversité des origines ethniques et des traditions religieuses. Bouddhistes, hindouistes et musulmans se mélangent dans le plus grand respect de leurs différences.

Jeunes musulmanes célébrant le nouvel an chinois

Comme ma condition est propice à la consommation de bière sur le patio de l'hotel. Je me donne pour mission de trouver l'endroit le moins cher où m'en procurer. C'est dans une taverne minuscule fréquentée que par des locaux que je découvre le filon prometteur. Les alcools forts et bières à prix compétitifs abondent .
L'ambiance authentique de ce bar me plait tellement que je décide d'y honorer ma première cannette de la journée. Assis sur un tabouret de bois, j'observe la jolie barmaid d'origine cambodgienne servir les nombreux clients qui viennent acheter de la boisson pour emporter. Indiens et chinois affluent pour profiter des prix avantageux. Assis à mes côtés se trouve un Chinois édenté fumant du tabac local dans une feuille de bambou. Nous entamons une conversation approximative dont le thème principal est la façon de rouler ce tabac indien. Je passe du bon temps a jaser avec ce sympathique bon vivant qui me fournit amples informations sur les choses a voir a Penang.
Chin, maître rouleur de tabac indien.
Quelques bières et cigarettes traditionnelles plus tard, je prend congé de mon nouveau pote m'ayant fait cadeau d'un paquet de tabac et de feuilles pour que je puisse pratiquer l'art de rouler en chinois. Pour l'instant, j'ai moins de mal à rouler en scooter que ces cigarettes artisanales.




Souveraineté-association

Mon séjour à Pénang prend une tournure des plus intéressantes lorsque mon regard croise celui d'une jolie brunette au teint basané assise au resto de mon ancien guesthouse en ce matin du 25 fevrier. Avant de lui adresser la parole, je m'amuse à essayer de deviner la nationalité dont elle pourait être issue: Française, Italienne, Espagnole, Argentaine, Américaine, Turque, Québécoise?

"I'm from Canada" me dit-elle d'un ton motivé. Surpris par sa réponse, je réplique que je viens du Québec et lui demande de quelle province elle est issue. Entre deux gorgées d'un liquide verdâtre à la texture terreuse, Leah me dit être originaire de l'Ontario rural. Habituée de l'Asie et familière de l'ouest du Canada, elle a passée une bonne partie de la dernière année à Dawson city, dans le nord du Yukon. En rémission d'une tourista de neuf jours attrappée en Thailande, elle tente de terrasser cette dernière en buvant d'un air dégoûté la répugnante mixture recomandée par un médecin chinois. Son plan est de rester à Penang pour quelques jours avant de s'envoler vers Bali. Constatant que nous avons tout deux un mal à changer de place, je l'invite pour une virée en scooter afin d'explorer le reste de l'île.

Varan du Nil version Malaisie
"T'as pas une gueule de porte-bonheur..."
 
Leah savère être une hyperactive complètement déjantée qui s'extasie devant la moindre bouchée de pain indien. Son côté absurde ne fait qu'attiser le mien et notre excursion se transforme en un délir total qui durera jusqu a son depart, trois jours plus tard. Sillonant les routes panoramiques de l'arrière pays, nous nous faisons presqu agresser par des macaques et nous esquivons des lézards gigantesques dans un parc national, nous nous abritons de violentes averses dans des villages dénués de touristes et nous nous perdons dans une jungle où se cachent des narcotraficants...

Nos cerveaux imaginent des scénarios hollywoodiens dont nous sommes les héros et nous jouons des Mexicains en cavale dans la jungle colombienne, ou des Californiens sur l'acide à la recherche du nirvana dans les restos du quartier indien de Georgetown. Devant nos fourires incessants, les locaux doivent penser que nous flottons bel et bien sur une substance hallucinogène...
 
Mais certains Malaisiens sont décidément pire que nous. Au cours de notre première journée de route, nous assistons à une cérémonie de je ne sais quelle secte indienne se déroulant en pleine rue. Un homme d'un certain âge percé de toutes parts dans le visage avance lentement entouré de sa famille et de ses potes qui dansent, boivent, chantent et jouent des percussions autour de lui. L'un de ses compagnons tient une poignée de cordes reliées à d'énormes crochets plantés dans son dos. Autour de sa taille est attachée une ceinture d'objets argentés ressemblant à des théières. Mystifiés par l'étrange parade, plusieurs questions nous traversent l'esprit: Est-ce son anniversaire? Est-il nouvellement retraité? Vient-il d'ouvrir un salon de thé? Sommes nous en présence d'un possédé qu'on tente d'exorciser? Les photos sont permises et on nous invite à nous joindre à ce party surréaliste. Le fait que nous soyons les seuls touristes présents rend l'expérience encore plus unique. Vraiment pas besoin d'acide pour tripper à Penang...

Est-il nouvellement retraité?




Est-ce son anniversaire?

Le lancer du scooter

De retour à Georgetown après une dernère virée en scooter, je tente de monter avec la moto sur une chaîne de trottoir un peu haute et découvre une nouvelle discipline sportive: le lancer du scooter contre une voiture neuve. Je dis a Leah de descendre afin de manoeuvrer pour que la roue arrière, virant dans le vide, finisse par agripper le trottoir. En donnant un coup de gaz j'échappe le scooter qui bondit pour atterrir sur le côté passager d'une voiture neuve parquée devant un chic hôtel. Heureusement, le propriétaire n'est pas dans les parrages et les dommages se limitent à quelques barres noires sur la porte du passager. Je propose tout de même de déguerpir dans les plus brefs délais. Au cours de ce delit de fuite ma passagère un peu ébranlée se demande si elle ne devrait pas prendre un taxi...

 
De retour à l'hôtel, impossible de retenir un fourire en repassant a l'incident.