lundi 25 mars 2013

Épisode 10: La route de l'Indochine


 

 

 
 
 
 
 

Les tours jumelles de Kuala Lumpur
En arrivant dans le China Town de Kuala Lumpur, je me paye un lit dans un guesthouse propre avec air climatisé conseillé par un gars de Vancouver rencontré dans le bus. Il fait chaud à l'extérieur, c est bruyant et l air est lourd. Je suis toutefois agréablement surpris du coté chaotique de cette ville que je croyais plus aseptisée. Un heureux mélange de moderne et d ancien saupoudré d'une diversité culturelle tres colorée. Je n'y passe qu une journée complete car je dois me rendre a l aéroport a 4 am pour m envoler au Laos.

Vincent


Jess
L'état de mon pied s ameliore au point de pouvoir boiter jusqu au centre-ville en prenant le métro pour aller voir les tours jumelles. Impressionant trip d'architecture.Au cours de la derniere soirée, je pars errer dans le marché nocturne du China Town.

C'est autour d un stand a biere ambulant que je croise Jessica et Vincent qui tout comme moi essayent de négocier un meilleur prix pour les canettes de bière. Pas le choix d aller prendre une bière avec ce couple de Québécois sur la route depuis deux ans. Vincent boit pour oublier qu il s est fait volé son passeport dans un bus la veille. On passe la soirée à trinquer sur le toit de leur hotel et ça fait du bien de pouvoir parler dans sa langue maternelle. Au cours de la conversation, je mentionne Sainte-Anne-Des-Monts et Jessica m'apprend qu'on a des connaissances communes en Gaspésie. Le monde est petit que je me dis en repartant un peu pompette a 2 am vers l'aéroport.

À 3,50$ la nuit, dur de trouver moins cher



Sabaidee Laos
Le vol d Air Asia a 30$ que j avais réservé deux semaines plus tot atterri a Vientiane, capitale du Laos, le matin du 3 mars. L aéroport est si petit qu il me fait étrangement penser a celui de Kuujjuuak. Contrairement aux autres nationalités, seuls les Canadiens et les Afghans doivent payer la somme de 42$ pour obtenir un visa de 28 jours à l'arrivée. J'ai pas croisé beaucoup d'Afghans encore...

Un tuktuk négocié durement m'amene au centre-ville ou je trouve un gesthouse pour moins de 4$ la nuit dans un dortoir à 8 lits. La quiétude qui règne dans la capitale m'impressionne. L' ambiance est celle d un village de campagne. La proximité d'un salon de massage et d'un petit resto ou les sandwichs a 2 dollars sont délicieux comblent mon état de sédentaire à moitié invalide. Je passe le temps à regarder le quotidien des Laosiens en sirotant des bieres et en faisant des rencontres amusantes avec d'autres touristes.
Cette Honda a fait le Vietnam
Lundi 5 mars, je suis témoins d'une scène inspirante: un Hongrois en train de vendre sa Honda usagée à un Francais devant mon guesthouse. Tel un paparazzi Je prend des photos de la transaction se déroulant sous mes yeux tout en épiant leur conversation. Le Hongrois s'est procuré la moto à Ho Chi Min, a traversé le Vietnam du sud vers le nord, est entré au Laos par le nord pour aboutir jusqu'ici. Un roadtrip incroyable qui me titille... Je suis jaloux du Francais en train d acheter le Honda pour 300$, et qui demain pourra rouler librement.

Mais j' ai encore le pied estropié et je ne sais pas conduire une moto a "clutch". Je me contente donc de louer un scooter automatique en me balladant avec une Laosienne qui me fait découvrir les environs...

Vendredi 8 mars, Luang Prabang.


Le cerveau au ralenti par une nuit de sommeil agité sur la route tortueuse a bord d' un bus VIP doté de couhettes. Ma demie nuit de sommeil partgée avec un autre touriste m'impose de prendre un café en débarquant dans la ville historique devenue nettement touristique.

Dormir en cuillère avec un autre touriste, le summum d'un trajet en bus de nuit...


Kampai!
C' est l'endroit où Mariko, une Japonaise rencontrée au cours d'un voyage au Brésil 3 ans plus tôt m'a donnée rendez vous pour de chaudes retrouvailles. On passe quelques jours à Prabang en faisant des activités de touristes soft tels une sortie en bateau au coucher de soleil avec une bouteille de vin; visite d' un sanctuaire bouddhiste dans une grotte, location de vélos pour explorer la ville un peu trop touristique à mon goût. Et beaucoup de temps dans la chambre d'hôtel...


Après avoir mangé du crocodile surévalué pour sa texture de semelle de botte en soupant sur l'artère bondée de falangs qui sur la carte de la ville porte le nom original de Tourist Street, on décide qu'il est temps de déménager en amont du Mékong.


Des moineaux et des moines

 
Mardi 12 mars, je me réveil au cri du maudit coq qui semble résider dans la chambre d'à côté et je vais nourrir les moines qui défilent par centaines avec leur bol pour récolter les dons des villageois dans une rue adjacente. L'expérience est intéressante mais j'ai plus l'impression de nourrir des moineaux dans un parc que des moines.


 
En amont du Mékong
 
Pour environ 30$, on peut faire une croisière de 2 jours sur le Mékong entre Luang Prabang et Hue Xai, ville frontalière de la Thailande, plus au nord. On appareil à bord de cette chaloupe à moteur faite en longueur et dotée de bancs d'autobus recyclés pouvant loger une bonne trentaine de personnes. Paysages pittoresques et petits rapides, rives parsemés de pêcheurs, enfants et bétail qui se rafraichissent, paysans transportant des bambous, de quoi remplir une carte mémoire de 2G assez vite et faire rêver d'expédition de canot-camping sur ce monstre de 4000km serpentant à travers l' Asie.

Arnold Lao
Après avoir picolé et joué à un jeu de cartes nommé Bullshit avec un Californien et un bodybuilder-entertainer laosien qui essayait de nous vendre son produit qui fait grossir les muscles, nous faisons escale dans un bled du nom de Pak Beng, situé a mi-chemin. Dans ce petit village pittoresque, on se fait offrir de l'opium et du ganja par plusieurs locaux. Je préfère m'abstenir pour l'instant car la tronche des dealers ne m'inspire pas et je ne sais pas comment apprêter la substance ni combien je dois payer sans me faire avoir. On décide de rester 2 jours à cet endroit contrairement à la plupart des voyageurs qui ne s'y arrêtent que pour la nuit. Gratifiante journée sans touristes passée avec les locaux forts sympathiques. On commence à se sentir dans l'arriere pays avec vue sur les montagnes bordant le Mékong. Dommage qu'on ne puisse pas y louer de moto car mon pied limite toujours mes déplacements.










 
Il s'appelait ``Better``


15 mars, Hue Xai
.
Mariko, avec qui j'ai à nouveau rendez-vous deux semaines plus tard, repart le matin même pour un meeting important au Japon. Seul avec mon pied estropié dans cette ville paumée, il est hors de question que je reste plus longtemps à cet endroit sans scooter de location.

Je pars en minivan direction Luang Namtha le lendemain matin. L' un des passagers a les intestins aussi sinueux que la route menant à destination et on doit arrêter deux fois en quatre heures pour qu' il puisse faire don de son déjeuner à l'accotement. Pendant le trajet, le bruit de fond d' instestins révoltés du malheureux touriste est largement compensé d'une trame sonore typiquement Laosienne sur laquelle je me concentre pour éviter d'attraper le vomivite à mon tour.

 En arrivant à la gare de bus, je fais connaissance avec un couple de Français qui partagaient mon minivan. Cette rencontre avec Julien et Femke, qui bourlinguent en Asie et en Australie depuis déjà un bon moment influencera radicalement la suite de ce voyage...

 
Pause vomi sur l'accotement
 
 
 
 
 
 
 
 


 

 

 

 






 
 
 
 
 
 
 

 

vendredi 15 mars 2013

Épisode 9: Riders on the storm

 
 
 
 

 
 
Ma vie d'handicapé aurait été beaucoup plus misérable si je n'avais eu la possibilité deme ballader en scooter. Sans perdre de temps je vais voir un dealer de moto grognon et un peu fêlé qui se fait appeler "Happy Ken". Le Malaisien au "Happy" discutable me loue un bicycle à gaz pour 25R (8$) la journée. Je peux désormais aller jouer dans le traffic peu reposant de Georgetown.
Premier arrêt: l'hôpital général de Penang, département des pieds scraps. Après avoir rempli la paperasse, arpenté les corridors trop longs, payé mon examen et attendu beaucoup moins longtemps qu'au Québec, je reçois mon diagnostique. Aucune fracture, juste des tendons et ligaments étirés. Recommandations: marcher le moins possible et prendre mon mal en patience. Mes ambitions de trekkeur s'envolent en fumée mais je me console en pensant à mon Harley de 125cc.
Profitant de ma liberté relative, je pars explorer les rues de Georgetown en pestant contre ses sens-uniques et la densité du traffic. En contrepartie, la gentillesse et l'hospitalité naturelle des Malaisiens me surprend chaque jour. Ce peuple semble vivre harmonieusement malgré la diversité des origines ethniques et des traditions religieuses. Bouddhistes, hindouistes et musulmans se mélangent dans le plus grand respect de leurs différences.

Jeunes musulmanes célébrant le nouvel an chinois

Comme ma condition est propice à la consommation de bière sur le patio de l'hotel. Je me donne pour mission de trouver l'endroit le moins cher où m'en procurer. C'est dans une taverne minuscule fréquentée que par des locaux que je découvre le filon prometteur. Les alcools forts et bières à prix compétitifs abondent .
L'ambiance authentique de ce bar me plait tellement que je décide d'y honorer ma première cannette de la journée. Assis sur un tabouret de bois, j'observe la jolie barmaid d'origine cambodgienne servir les nombreux clients qui viennent acheter de la boisson pour emporter. Indiens et chinois affluent pour profiter des prix avantageux. Assis à mes côtés se trouve un Chinois édenté fumant du tabac local dans une feuille de bambou. Nous entamons une conversation approximative dont le thème principal est la façon de rouler ce tabac indien. Je passe du bon temps a jaser avec ce sympathique bon vivant qui me fournit amples informations sur les choses a voir a Penang.
Chin, maître rouleur de tabac indien.
Quelques bières et cigarettes traditionnelles plus tard, je prend congé de mon nouveau pote m'ayant fait cadeau d'un paquet de tabac et de feuilles pour que je puisse pratiquer l'art de rouler en chinois. Pour l'instant, j'ai moins de mal à rouler en scooter que ces cigarettes artisanales.




Souveraineté-association

Mon séjour à Pénang prend une tournure des plus intéressantes lorsque mon regard croise celui d'une jolie brunette au teint basané assise au resto de mon ancien guesthouse en ce matin du 25 fevrier. Avant de lui adresser la parole, je m'amuse à essayer de deviner la nationalité dont elle pourait être issue: Française, Italienne, Espagnole, Argentaine, Américaine, Turque, Québécoise?

"I'm from Canada" me dit-elle d'un ton motivé. Surpris par sa réponse, je réplique que je viens du Québec et lui demande de quelle province elle est issue. Entre deux gorgées d'un liquide verdâtre à la texture terreuse, Leah me dit être originaire de l'Ontario rural. Habituée de l'Asie et familière de l'ouest du Canada, elle a passée une bonne partie de la dernière année à Dawson city, dans le nord du Yukon. En rémission d'une tourista de neuf jours attrappée en Thailande, elle tente de terrasser cette dernière en buvant d'un air dégoûté la répugnante mixture recomandée par un médecin chinois. Son plan est de rester à Penang pour quelques jours avant de s'envoler vers Bali. Constatant que nous avons tout deux un mal à changer de place, je l'invite pour une virée en scooter afin d'explorer le reste de l'île.

Varan du Nil version Malaisie
"T'as pas une gueule de porte-bonheur..."
 
Leah savère être une hyperactive complètement déjantée qui s'extasie devant la moindre bouchée de pain indien. Son côté absurde ne fait qu'attiser le mien et notre excursion se transforme en un délir total qui durera jusqu a son depart, trois jours plus tard. Sillonant les routes panoramiques de l'arrière pays, nous nous faisons presqu agresser par des macaques et nous esquivons des lézards gigantesques dans un parc national, nous nous abritons de violentes averses dans des villages dénués de touristes et nous nous perdons dans une jungle où se cachent des narcotraficants...

Nos cerveaux imaginent des scénarios hollywoodiens dont nous sommes les héros et nous jouons des Mexicains en cavale dans la jungle colombienne, ou des Californiens sur l'acide à la recherche du nirvana dans les restos du quartier indien de Georgetown. Devant nos fourires incessants, les locaux doivent penser que nous flottons bel et bien sur une substance hallucinogène...
 
Mais certains Malaisiens sont décidément pire que nous. Au cours de notre première journée de route, nous assistons à une cérémonie de je ne sais quelle secte indienne se déroulant en pleine rue. Un homme d'un certain âge percé de toutes parts dans le visage avance lentement entouré de sa famille et de ses potes qui dansent, boivent, chantent et jouent des percussions autour de lui. L'un de ses compagnons tient une poignée de cordes reliées à d'énormes crochets plantés dans son dos. Autour de sa taille est attachée une ceinture d'objets argentés ressemblant à des théières. Mystifiés par l'étrange parade, plusieurs questions nous traversent l'esprit: Est-ce son anniversaire? Est-il nouvellement retraité? Vient-il d'ouvrir un salon de thé? Sommes nous en présence d'un possédé qu'on tente d'exorciser? Les photos sont permises et on nous invite à nous joindre à ce party surréaliste. Le fait que nous soyons les seuls touristes présents rend l'expérience encore plus unique. Vraiment pas besoin d'acide pour tripper à Penang...

Est-il nouvellement retraité?




Est-ce son anniversaire?

Le lancer du scooter

De retour à Georgetown après une dernère virée en scooter, je tente de monter avec la moto sur une chaîne de trottoir un peu haute et découvre une nouvelle discipline sportive: le lancer du scooter contre une voiture neuve. Je dis a Leah de descendre afin de manoeuvrer pour que la roue arrière, virant dans le vide, finisse par agripper le trottoir. En donnant un coup de gaz j'échappe le scooter qui bondit pour atterrir sur le côté passager d'une voiture neuve parquée devant un chic hôtel. Heureusement, le propriétaire n'est pas dans les parrages et les dommages se limitent à quelques barres noires sur la porte du passager. Je propose tout de même de déguerpir dans les plus brefs délais. Au cours de ce delit de fuite ma passagère un peu ébranlée se demande si elle ne devrait pas prendre un taxi...

 
De retour à l'hôtel, impossible de retenir un fourire en repassant a l'incident.

 
 
 

 

 
 



 

 

 

dimanche 10 mars 2013

Épisode 8: Malaise en Malaisie



 
 

La douleur est si aigue lorsque je tente de sortir du lit en ce matin du 21 février que je me demande sérieusement comment je vais faire pour la suite des choses. Je dois quitter le pays pour la Malaisie le lendemain au risque de payer une amende de 500B (17$) en excédant mon permis de séjour d'une journée. La blessure est peut-être plus grave que ce que je pensais. Se pourrait-il qu'un os se soit brisé? Bien que l'enflure ne soit pas si grosse, la moindre pression sur ce pied provoque une extrême douleur. Des images de chaise roulante et de béquilles me traversent l'esprit en une séquence des plus désagréables.

La première étape est de me rendre aux toilettes. La distance de 3 mètres me parait semble à des kilomètres. Je réussis à atteindre la destination en sautillant du pied droit tout en m'appuyant au mur de la chambre. La prochaine étape est de descendre jusqu'à la rue pour aller chercher de l'eau, de la bouffe et remercier bouddha de me permettre de me rendre en scooter à une pharmacie. 


Armé d'une canne, de baume de tigre et d'un bandage, je passe le reste de la journée la jambe allongée sur une chaise avec un sac de glace. Mes accolytes de la veille, toujours assis à la même table à l'entrée de leur hôtel, me tiennent compagnie en sirotant une bière et font mes commissions au besoin. Il y a un 7-11 au coin de la rue où je me procure bière, glace et trucs à manger pas cher. Je l'avais pas encore mentionné mais on trouve des 7-11 à tous les coins de rue de la Thailande. Pour le meilleur et pour le pire...!

22 février, un anniversaire boîteux

Départ pour la Malaisie à bord d'un minibus avec d'autres touristes. On s'apprête à traverser le poste de douanes thailandais qui contrôle les sorties. Tout le monde descend du bus pour faire la file. J'ai chaud et je fatigue en m'appuyant toujours sur ma jambe droite. Cerise sur le sundea, la douanière m'annonce que mon visa est expiré d'une journée. Je suis entré en Thailande le 23 janvier, j'avais pris pour aquis avoir jusqu'au 23 février. L'étampe dans mon passeport indiquait le 21...

Je poirotte dans le bureau des amendes pendant que les fonctionnaires remplissent leur paperasse avec une lenteur impressionnante. Je tente de les convaincre de m'épargner l'amende étant donné que c'est ma fête... Ils sont très polis et souriants mais ne font pas de cadeau au "farang" qui n'a pas respecté sa limite de visa.

On reprend la route direction Malaisie. Cinq minutes plus loin: le poste douanier Malaisien. Encore la queue pour la petite étampe, encore marcher sur mon pied qui veut juste qu'on lui crisse la  sainte paix. Assise à mes côtés il y a Laura, une Allemande qui s'en va pour 2 mois faire un stage d'infirmière à l'hopital de Penang. Cette dernière me convainc de passer aux rayons-x ausstôt que possible, juste pour être sûr...

"Prend ton grabat et marche"...avec ton sac-à-dos.

On se fait débarquer quelque part au milieu du coin historique de Georgetown, capitale régionale de l'ile de Penang et joyau de l'UNESCO. Aucune idée d'où nous sommes mais apparement pas très loin de l'adresse que les punks de Krabi m'ont donné. Laura et deux Australiens qui étaient dans le bus marchent patiement à mes côtés en m'offrant leur aide. J'apprécie leur compassion. Arrivé à la hauteur de mon guesthouse, chacun continue vers son hôtel respectif en se souhaitant bon courage et bon voyage. Le prix d'un lit est plus cher que ce que je pensais. La seule chambre disponible est située en haut d'un escalier qui me parait interminable.

N'ayant pas de devise Malaisienne (Ringit) sur moi, pas le choix de me rendre au guichet automatique le plus près: 10 minutes de marche normale, 10 km pour ma condition...! Empoignant ma canne je traîne mon fardeau vers l'ATM tout en m'informant du prix des hôtels croisés en chemin. Après 20 minutes de marche laborieuse à pas de tortue handicapée, j'arrive à la hauteur d'un boulevard achalandé me séparant de la banque. Je n'ai jamais ressenti autant de compassion envers les ti-vieux et autres personnes à mobilité réduite qu'en ce moment.

Ce marathon pour handicapé m'ayant creusé l'estomac, j'arrête casser une croûte dans un foodcourt où une serveuse me casse les oreilles en essayant de me vendre de la bière hors de prix. La Malaisie est un pays musulman, l'Islam est une religion qui n'aime pas l'alcool, l'alcool est un produit taxé fortement en Malaisie. Il faut chercher avec persévérance pour trouver de la bière à prix raisonnable. L'hôtel dans lequel je finis par élir domicile vend une canette de stout danoise pour l'équivalent de 2$. C'est ce que j'ai trouvé de mieux pour célébrer ma fête, assis sur le parvis du guesthouse donnant sur la rue. Deux trois touristes me tiennent compagnie une partie de la soirée mais le party est loin de lever en ce soir de ma 36 ème année sur cette planète. Demain sera un autre jour...


dimanche 3 mars 2013

Épisode 7: Krabi

 
 
 
 
 
Après plus d'une semaine passé à Kho Phi Phi. Je décide que la fin de mon voyage en Thailande se passera à Krabi. N'ayant plus que quelques jours de libre avant l'expiration de mon visa thailandais, je préfère me trouver un camp de base tranquille et explorer les environs en me louant un scooter.




On est dimanche le 17 février autour de midi. Un énorme lézard me salut au passage alors que je descend du traversier pour prendre un minibus vers le centre-ville. Il doit bien faire 1,5m de long.

Ma mauvaise impression de Krabi une semaine plus tôt est remplacée par quelque chose de beaucoup mieux cette fois-ci. Krabi a beau être une ville ordinaire, ça fait du bien de changer d'air. Les prix sont beaucoup plus raisonnables qu'à Phi Phi, l'ambiance plus conviviale et authentique et il y a moyen de ne pas s'ennuyer. Une chambre avec toilette pour 200B (6-7$) et un scooter à 150B (5$) font office de deal.


Easy rider
 
Je n'attend pas une minute avant de partir en excursion au guidon de mon nouveau bolide: un scooter automatique blanc de 100cc. Première expérience à rouler dans le traffic urbain, j'y vais avec prudence. Les boulevards aux grandes intersections m'intimident un peu au début mais le Chuck Norris en moi ne tarde pas à se sentir à l'aise sur ces routes exotiques. Je roule sur des chemins secondaires bordées de plantations et de maisons éparpillées ici et là. De majestueuses formations calcaires attirent mon oeil constament et m'invitent à aller grimper. Depuis ma dernière expérience d'escalade, la vue d'une parois rocheuse m'excite un peu comme quand je vois une belle fille et me donne le goût de la grimper...

Après m'être un peu perdu sur les routes de campagne je me retrouve à l'intérieur d'un temple bouddhiste aménagé dans une grotte. L'histoire raconte que jadis un tigre habitait cette grotte. Les gens des alentours commencèrent à vénérer la créature considérée comme un être sacré et de plus en plus de disciples vinrent porter des offrande au Grand Tigre. Attirant de plus en plus de gens, l'endroit fut un jour déserté par la créature qui a dû en avoir assez de se faire déranger chaque jour par une bande de crédules. On y trouve aujourd'hui des moines et des fidèles brûlant de l'encens et priant. On trouve aussi des statues de différentes tailles de Bouddha et du tigre en question. Sorte de cathédrale Ste-Anne de Beaupré version bouddhiste, des centaines de statuettes et de marchandises sont vendues à la boutique vis-à-vis de l'endroit où prient les moines oranges.

 


Une autre grotte attire ma curiosité plus loin sur le chemin menant à un parc national. Nulle autre indication qu'une pancarte indiquant le nom de la grotte permet de savoir que cette dernière existe. En cherchant le chemin y menant, je tombe sur un couple de touristes en scooter également en quête de la mystérieuse grotte. Un local nous montre un étroit sentier traversant une plantation d'arbres. Nous suivons ce dernier sur 300 m environ. Aucune trace apparente de l'entrée d'une grotte au pied de cette parois calcaire à moitiée couverte de lianes et de plantes grimpantes. On laisse nos scooters dans ce qui semble être un stationnement désafecté. Même impression face au sentier qui longe la parois. On dirait que le site fut jadis exploité puis abandonné. Intriguant...
Gaspésiana Jones
 
Après quelques minutes de recherche infructueuse les deux autres abandonnent leur quête. Il doit rester une bonne heure de luminosité avant la tombée de la nuit. Un sentier partant vers la droite attire mon attention. Je ne suis pas prêt à laisser tomber mes recherches aussi facilement. L'esprit de Chuck Norris qui me possédait fait place à celui d'Indiana Jones. Ce dernier me pousse à suivre le sentier désafecté un peu plus loin. Les vestiges d'un trottoir de bois pourri me prouvent qu'il doit bien y avoir quelque entrée de grotte dans les environs. Après une dizaine de minutes, j'arrive enfin au mystérieux portail. Il y a bel et bien non pas une, mais deux entrées de grotte. Poussant un cri de victoire qui surprend quelques chauve-souris, je repense au deux autres pressés. Tampis pour vous, touristes impatients! À moi le trésor au fond de la grotte! Je devrai patienter un peu par contre. Sans aucune lampe pour m'éclairer et la nuit s'apprêtant à tomber, je retourne vers la ville en me promettant de revenir le lendemain.
L'entrée de la grotte cachée
 
 
 
Lundi 18 février

Je retourne sans tarder investiguer ma grotte peuplée de chauve-souris par centaines. Armé de ma frontale et protégé par mon casque de moto, j'avance tranquillement en inspectant minutieusement le sol du faisceau de ma lampe avant d'y mettre le pied. Un énorme crapeau réagi à peine au contact de ma sandale et me fait sursauter. Il doit bien avoir la taille d'un petit lapin. Retrouvant mon calme je salue mon hôte en redoublant de vigilance. Les ailes des chauve-souris me servent de ventilateur et leurs cris, de musique d'ambiance. Une bonne dizaine de minutes doivent s'écouler avant que j'aie terminé mon errance à travers colones de calcaire, stalagtites, stalagmites et crottes de chauve-souris. Je pourrais continuer mon exploration encore longtemps si ce n'était de ce trou d'une bonne douzaine de pieds de profond tenant lieu de prochaine étape du parcours. Je reste là à peser les risques et le poids de ma témérité. Après une longue hésitation je choisi la prudence et décide de rebrousser chemin, un peu déçu d'abandonner mon trésor toujours dissimulé au fond de ce trou...

 
 
 
 
Bien arrosée
Je passe les jours suivants à me promener en scooter, découvrir d'autres grottes, me rincer l'oeil sur la plage et socialiser avec d'autres touristes. Je croise un gars de Calgary à l'entrée de mon hotel le soir du 19 février. L'Albertain fort sympathique s'avère être un redoutable partner de brosse alors que nous enchaînons tour à tour grosses Changs et Caipirinias (drink brésilien de la famille des Mojitos) dans un bar qui donne directement sur la rue.

La scène est composée d'un Irlandais aussi cinglé qu'inintelligible se faisant honneur de nous divertir en racontant des anecdotes incompréhensibles et en jouant des tounes country à la guitare en suscitant plus de malaise que d'engouement. Un Finlandais un peu amoché se fais draguer par une Japonaise, un barman au sourire cocainé fait jouer du Metallica, un couple d'Hollandais se plaignent de l'Irlandais devenu vraiment saoul. On finit par fermer le bar avec cette faune festive en essayant de faire la comptabilité de nos drinks. Il me semble en avoir perdu quelques bouts...et quelques sous.

Perte totale

La journée du lendemain s'avère être une perte totale. Je me réveil à 2pm mais ne réussi qu'à me traîner hors du lit à 7pm. Je me prend un Pad Tai dans la rue en essayant de me réhydrater au jus de lime. Errant dans le quartier tel un zombie, je me dis qu'un massage de pied ne saurais me faire de tort. Une heure de détente totale me remet quelque peu sur pieds. Sur la route de mon hotel un gars que je ne reconnais pas immédiatement m'interpelle. À travers les brumes du lendemain de veille, je me remémore le Finlandais de la veille ayant apparement survécu à sa soirée avec la Japonaise. Il est assis avec deux autres touristes à l'entrée de son hotel, voisin du miens. Je me joins à ces bons vivants composés de Mika le Finlandais, Silvio le Roumain et sa copine suisse, Pétina. On jase de tout et de rien en rigolant tout en écoutant du punk roumain sur Youtube.

Punks not dead!

Contrairement à Chuck Norris, je ne met pas toujours les pieds où je veux...

La soirée se déroule tranquillement dans une sobriété relative lorsqu'autour de 1am, Mika et moi décidons d'aller jeter un coup d'oeil à un bar reggae des alentours. Si j'avais sû que je perdrais pour quelque temps l'usage de mon pied gauche en sortant de ce bar, j'aurais certainement pris le chemin de mon hôtel à la place. Pas une chûte en scooter ni dans le trou d'une grotte, pas une agression armée, pas un empoisonnement au DEET mais bien un accident des plus stupides survenu dans un petit passage au sol inégal reliant le bar à la rue. Je me suis tout simplement renversé le pied gauche en ratant une demie-marche. Ce dernier atterri sur une grille d'égoût avec le poids de tout mon corps qui l'écrasa dans un "crunch" peu rassurant. "This doesn't sound good" dis-je à Mika en boîtant jusqu'à l'hôtel.

Cette épisode marque le début de mon voyage en tant qu'invalide.


 
 
 
 
 




 

 

 

 



 



 

lundi 25 février 2013

Épisode 6: Kho Phi Phi

Tonsai Bay


 
Samedi 9 février, 16h00. J'accoste sur cet archipel composé de deux îles principales: Kho Phi Phi Lhe et Kho Phi Phi Don. La première n'est pas habitée et a le statut de parc national. Elle fut rendue célèbre lors de la sortie du film The Beach, en parti tourné sur l'une de ses plages. La seconde île subit le tsunami de 2004 qui détruisit pratiquement toutes les infrastructures qui s'y trouvaient. Ces dernièrent furent reconstruites presqu'entièrement 6 ans plus tard.

Quand la fiesta tourne en cauchemard

 L'endroit fut l'année dernière rendue tristement célèbre à nouveau lorsque 2 Québécoises y trouvèrent la mort au fond d'un "bucket" mixé de substances euphorisantes dont du DEET, un insecticide hautement efficace que j'utilise contre les mouches noires et maringouins dans une bouteille de Watkins. Mon DEET, je le préfère en crème sur ma peau que sous forme liquide dans mon ventre. En terme de substances euphorisantes, difficile de trouver moins bio...Après plusieurs mois d'enquête, le dossier de ce malheureux événement reste toujours entouré de brouillard.

Tsunami touristique

Pire que le tsunami de 2004, une autre forme de séisme menace l'archipel. La popularité de The Beach entraina un déferlement de touristes s'intensifiant d'année en année. Chaque jour de la semaine, 365 jours par année, plusieurs bateaux accostent au port de Tonsai Bay pour déverser des chiées de touristes en un flu ininterrompu. Sans parler du prix exagérément élevé d'à-peu-près tout par rapport au reste de la Thailande.  Des dizaines de bateaux (tailboats, speedboats, diveboats) pullullent et polluent jour après jours les eaux turquoises des Îles Phi Phi. Maya Beach, lieu du tournage, est devenu si fréquentée qu'il faut se lever vraiment tôt pour avoir un carré de sable où pour faire la crêpe au soleil. Cette tourista chronique a pour effet de dénaturer ce que ce paradis perdu avait de bon à offrir en un temps révolu.

Le débarcadère de Tonsai Bay



Il reste néanmoins quelques points positifs: j'ai un contact qui connait des coins tranquilles, il y a moyen de faire de la plongée et de l'escalade, les véhicules motorisés sont pratiquement absents sur l'île.

 J'avance péniblement en esquivant les bicyclettes et pousse-pousses de livraison manoeuvrés vaillament par des Thailandais impatients qui immitent le son du klaxon pour pouvoir passer.  Difficile pour un piéton de progresser à travers la foule de camisoles imprimées "Same Same but Different", "Full Moon Party" et autres clichés de la Thailande. Les bikinis et torses nus abondent également en originalité et exposent nonchalament leurs peaux tatouées de dragons, têtes de mort, signes tribaux, chinois, celtiques etc. Toute cette masquerade me donne l'impression d'avoir aboutit sur l'ile des clônes d'Occupation Double. Pour ce qui est des tatoos, je vais encore passer mon tour et me contenter de montrer mon bronzage de sandales: un magnifique carré brun sur le dessus des pieds!

Je finis par trouver l'un des accès au sentier qui mène à Rantee Beach. Escarpé et peuplé de serpents dont certains vénimeux, il me faut redoubler de prudence avant d'aboutir sur la plage que Marilyne m'avait décrite au début du voyage. Seulement accessible par "tailboat" ou par le chemin que je viens de parcourir, cette dernière est restée relativement intacte et tranquille comparée à l'autre partie de l'île.

Marilyne, que j'ai rebaptisée "Lonely Prunette" lorsqu'on s'est rencontrés à Bangkok (parce que ses talents de guide de la Thailande sont bien plus utiles que la dernière édition du Lonely Planet), se pointe autour de 20h à la table du resto du Sunshine Bungalows. Je suis heureux de retrouver cette aventurière de 5'1, en sueur sous son sac-à-dos rempli de matériel d'escalade. On se raconte nos péripéties des dernières semaines autour d'une bière avec le son des vagues à quelques mètres et la musique reggae sortant des haut-parleurs du resto. Celle qui a choisie la Thailande pour étudier l'herboristerie par internet, s'offre aussi un trip d'escalade sur la magnifique parois de Tonsai Beach, à une demie-heure de marche.

Amateur de contrastes, je délaisse l'ivresse des profondeurs pour la folie des hauteurs. Le matin du 15 février, je décide d'aller grimper. Pour moins de 20$, il est possible de louer un kit de base pour la journée. Après s'être tapé les 45 minutes de marches menant à la parois et avoir esquivés singes et serpents, Lonely Prunette m'explique comment assurer un premier de cordée. La première grimpe sert de réchauffement et se passe très bien.

Beno et Yvonne, les partners allemands arrivent entre temps et nous partons essayer une seconde route. Mon coeur reste suspendu quelques secondes au cours de cette grimpe d'un niveau de difficulté hautement supérieur. Beno monte en premier de cordée péniblement et Marilyne réussie de peine et de misère en poussant des hurlements d'accouchement douloureux. Je suis le troisième à tenter de relever le défi. Au moment où le débutant que je suis tente de vaincre un surplomb insurmontable, un son similaire au craquement d'une branche se fait entendre en provenance de mon harnais. Suspendu dans le vide à 5-6 mètres du sol, je tente de comprendre si je vais mourir bientôt.  "Is there anything wrong with your harness? demande Beno en train de m'assurer. I think so!" de lui répondre en faisant signe de me redescendre. La corde et le harnais me tiennent toujours. Une petite sangle sous laquelle la corde doit passer une première fois était mal attachée et s'est défaite sous la tension. Par chance, ce n'était pas un point d'ancrage important du harnais. Le moins qu'on puisse dire, cette seconde tentative ne m'as pas procurée autant de plaisir que d'adrénaline.

Les deux routes suivantes s'avèrent beaucoup plus agréables et je repars satisfait de ce premier contact avec une parois de calcaire lisse et invitante. Il fait déjà presque nuit lorsque nous quittons le site de grimpe armés de bâtons contre une éventuelle embuscade de singes. J'accompagne Beno et Yvonne au resto alors que Maryline, pressée de rentrer, reprend le sentier menant à Rantee Beach. Je finis par entrer au bercailles autour de 4am après une nuit arrosée dans un bar terrasse sur le toit d'un immeuble et une pause dans un hamac squatté près de la plage.

Lonely Prunette en pleine action

Beno et Marilyne

Quand Makou se prend pour un singe







Le sac-à-dos chargé d'une lourde corde d'escalade et une nuit presque blanche imbibée d'alcool ralentissent considérablement mon rythme. Je monte péniblement les 337 marches du début du sentier. Étant la première fois que je fais le trajet de nuit seul, je me perd un peu. L'aboiement d'un chien confirme mon retour sur la bonne voie et peu de temps après, j'entamme la descente du segment escarpé jusqu'à la plage. Un peu plus loin, le faisceau de ma frontale éclaire un premier serpent. Mon pied s'arrête à deux pas de sa tête verdâtre alors qu'il se défile vers la gauche. Il mesure autour de 50 cm et ressemble pas mal à nos innofensives couleuvres québécoises. La Thailande est un de ces pays hébergeant un très grand nombre d'espèces vénimeuses. Aucune idée si ce specimen en fait partie mais comme le centre anti-poison le plus proche me semble à des millions de kilomètres, je me vois dans l'obligation de ralentir le pas davantage...

Il ne me faut que quelques minutes avant de voir un second reptile apparaitre pratiquement sous mon pied. Belle petite bête en randonnée nocturne sortant des profondeures de la jungle. Celui-ci est plus petit et d'un noir luisant. J'ai comme l'impression de l'avoir échappé de justesse. Impression confirmée le lendemain en discutant avec des gens me décrivant le look d'un serpent mortel correspondant exactement avec cette sympathique créature. Règle générale, mis à part les brûlots, je ne suis pas trop stessé par les habitants de la forêt. Cette fois-ci par contre, je dois avouer retrouver Rantee Beach dans un soupir de soulagement...

Prendre ça relaxe à Rantee Beach

Un voleur aux aguets