vendredi 15 mars 2013

Épisode 9: Riders on the storm

 
 
 
 

 
 
Ma vie d'handicapé aurait été beaucoup plus misérable si je n'avais eu la possibilité deme ballader en scooter. Sans perdre de temps je vais voir un dealer de moto grognon et un peu fêlé qui se fait appeler "Happy Ken". Le Malaisien au "Happy" discutable me loue un bicycle à gaz pour 25R (8$) la journée. Je peux désormais aller jouer dans le traffic peu reposant de Georgetown.
Premier arrêt: l'hôpital général de Penang, département des pieds scraps. Après avoir rempli la paperasse, arpenté les corridors trop longs, payé mon examen et attendu beaucoup moins longtemps qu'au Québec, je reçois mon diagnostique. Aucune fracture, juste des tendons et ligaments étirés. Recommandations: marcher le moins possible et prendre mon mal en patience. Mes ambitions de trekkeur s'envolent en fumée mais je me console en pensant à mon Harley de 125cc.
Profitant de ma liberté relative, je pars explorer les rues de Georgetown en pestant contre ses sens-uniques et la densité du traffic. En contrepartie, la gentillesse et l'hospitalité naturelle des Malaisiens me surprend chaque jour. Ce peuple semble vivre harmonieusement malgré la diversité des origines ethniques et des traditions religieuses. Bouddhistes, hindouistes et musulmans se mélangent dans le plus grand respect de leurs différences.

Jeunes musulmanes célébrant le nouvel an chinois

Comme ma condition est propice à la consommation de bière sur le patio de l'hotel. Je me donne pour mission de trouver l'endroit le moins cher où m'en procurer. C'est dans une taverne minuscule fréquentée que par des locaux que je découvre le filon prometteur. Les alcools forts et bières à prix compétitifs abondent .
L'ambiance authentique de ce bar me plait tellement que je décide d'y honorer ma première cannette de la journée. Assis sur un tabouret de bois, j'observe la jolie barmaid d'origine cambodgienne servir les nombreux clients qui viennent acheter de la boisson pour emporter. Indiens et chinois affluent pour profiter des prix avantageux. Assis à mes côtés se trouve un Chinois édenté fumant du tabac local dans une feuille de bambou. Nous entamons une conversation approximative dont le thème principal est la façon de rouler ce tabac indien. Je passe du bon temps a jaser avec ce sympathique bon vivant qui me fournit amples informations sur les choses a voir a Penang.
Chin, maître rouleur de tabac indien.
Quelques bières et cigarettes traditionnelles plus tard, je prend congé de mon nouveau pote m'ayant fait cadeau d'un paquet de tabac et de feuilles pour que je puisse pratiquer l'art de rouler en chinois. Pour l'instant, j'ai moins de mal à rouler en scooter que ces cigarettes artisanales.




Souveraineté-association

Mon séjour à Pénang prend une tournure des plus intéressantes lorsque mon regard croise celui d'une jolie brunette au teint basané assise au resto de mon ancien guesthouse en ce matin du 25 fevrier. Avant de lui adresser la parole, je m'amuse à essayer de deviner la nationalité dont elle pourait être issue: Française, Italienne, Espagnole, Argentaine, Américaine, Turque, Québécoise?

"I'm from Canada" me dit-elle d'un ton motivé. Surpris par sa réponse, je réplique que je viens du Québec et lui demande de quelle province elle est issue. Entre deux gorgées d'un liquide verdâtre à la texture terreuse, Leah me dit être originaire de l'Ontario rural. Habituée de l'Asie et familière de l'ouest du Canada, elle a passée une bonne partie de la dernière année à Dawson city, dans le nord du Yukon. En rémission d'une tourista de neuf jours attrappée en Thailande, elle tente de terrasser cette dernière en buvant d'un air dégoûté la répugnante mixture recomandée par un médecin chinois. Son plan est de rester à Penang pour quelques jours avant de s'envoler vers Bali. Constatant que nous avons tout deux un mal à changer de place, je l'invite pour une virée en scooter afin d'explorer le reste de l'île.

Varan du Nil version Malaisie
"T'as pas une gueule de porte-bonheur..."
 
Leah savère être une hyperactive complètement déjantée qui s'extasie devant la moindre bouchée de pain indien. Son côté absurde ne fait qu'attiser le mien et notre excursion se transforme en un délir total qui durera jusqu a son depart, trois jours plus tard. Sillonant les routes panoramiques de l'arrière pays, nous nous faisons presqu agresser par des macaques et nous esquivons des lézards gigantesques dans un parc national, nous nous abritons de violentes averses dans des villages dénués de touristes et nous nous perdons dans une jungle où se cachent des narcotraficants...

Nos cerveaux imaginent des scénarios hollywoodiens dont nous sommes les héros et nous jouons des Mexicains en cavale dans la jungle colombienne, ou des Californiens sur l'acide à la recherche du nirvana dans les restos du quartier indien de Georgetown. Devant nos fourires incessants, les locaux doivent penser que nous flottons bel et bien sur une substance hallucinogène...
 
Mais certains Malaisiens sont décidément pire que nous. Au cours de notre première journée de route, nous assistons à une cérémonie de je ne sais quelle secte indienne se déroulant en pleine rue. Un homme d'un certain âge percé de toutes parts dans le visage avance lentement entouré de sa famille et de ses potes qui dansent, boivent, chantent et jouent des percussions autour de lui. L'un de ses compagnons tient une poignée de cordes reliées à d'énormes crochets plantés dans son dos. Autour de sa taille est attachée une ceinture d'objets argentés ressemblant à des théières. Mystifiés par l'étrange parade, plusieurs questions nous traversent l'esprit: Est-ce son anniversaire? Est-il nouvellement retraité? Vient-il d'ouvrir un salon de thé? Sommes nous en présence d'un possédé qu'on tente d'exorciser? Les photos sont permises et on nous invite à nous joindre à ce party surréaliste. Le fait que nous soyons les seuls touristes présents rend l'expérience encore plus unique. Vraiment pas besoin d'acide pour tripper à Penang...

Est-il nouvellement retraité?




Est-ce son anniversaire?

Le lancer du scooter

De retour à Georgetown après une dernère virée en scooter, je tente de monter avec la moto sur une chaîne de trottoir un peu haute et découvre une nouvelle discipline sportive: le lancer du scooter contre une voiture neuve. Je dis a Leah de descendre afin de manoeuvrer pour que la roue arrière, virant dans le vide, finisse par agripper le trottoir. En donnant un coup de gaz j'échappe le scooter qui bondit pour atterrir sur le côté passager d'une voiture neuve parquée devant un chic hôtel. Heureusement, le propriétaire n'est pas dans les parrages et les dommages se limitent à quelques barres noires sur la porte du passager. Je propose tout de même de déguerpir dans les plus brefs délais. Au cours de ce delit de fuite ma passagère un peu ébranlée se demande si elle ne devrait pas prendre un taxi...

 
De retour à l'hôtel, impossible de retenir un fourire en repassant a l'incident.

 
 
 

 

 
 



 

 

 

dimanche 10 mars 2013

Épisode 8: Malaise en Malaisie



 
 

La douleur est si aigue lorsque je tente de sortir du lit en ce matin du 21 février que je me demande sérieusement comment je vais faire pour la suite des choses. Je dois quitter le pays pour la Malaisie le lendemain au risque de payer une amende de 500B (17$) en excédant mon permis de séjour d'une journée. La blessure est peut-être plus grave que ce que je pensais. Se pourrait-il qu'un os se soit brisé? Bien que l'enflure ne soit pas si grosse, la moindre pression sur ce pied provoque une extrême douleur. Des images de chaise roulante et de béquilles me traversent l'esprit en une séquence des plus désagréables.

La première étape est de me rendre aux toilettes. La distance de 3 mètres me parait semble à des kilomètres. Je réussis à atteindre la destination en sautillant du pied droit tout en m'appuyant au mur de la chambre. La prochaine étape est de descendre jusqu'à la rue pour aller chercher de l'eau, de la bouffe et remercier bouddha de me permettre de me rendre en scooter à une pharmacie. 


Armé d'une canne, de baume de tigre et d'un bandage, je passe le reste de la journée la jambe allongée sur une chaise avec un sac de glace. Mes accolytes de la veille, toujours assis à la même table à l'entrée de leur hôtel, me tiennent compagnie en sirotant une bière et font mes commissions au besoin. Il y a un 7-11 au coin de la rue où je me procure bière, glace et trucs à manger pas cher. Je l'avais pas encore mentionné mais on trouve des 7-11 à tous les coins de rue de la Thailande. Pour le meilleur et pour le pire...!

22 février, un anniversaire boîteux

Départ pour la Malaisie à bord d'un minibus avec d'autres touristes. On s'apprête à traverser le poste de douanes thailandais qui contrôle les sorties. Tout le monde descend du bus pour faire la file. J'ai chaud et je fatigue en m'appuyant toujours sur ma jambe droite. Cerise sur le sundea, la douanière m'annonce que mon visa est expiré d'une journée. Je suis entré en Thailande le 23 janvier, j'avais pris pour aquis avoir jusqu'au 23 février. L'étampe dans mon passeport indiquait le 21...

Je poirotte dans le bureau des amendes pendant que les fonctionnaires remplissent leur paperasse avec une lenteur impressionnante. Je tente de les convaincre de m'épargner l'amende étant donné que c'est ma fête... Ils sont très polis et souriants mais ne font pas de cadeau au "farang" qui n'a pas respecté sa limite de visa.

On reprend la route direction Malaisie. Cinq minutes plus loin: le poste douanier Malaisien. Encore la queue pour la petite étampe, encore marcher sur mon pied qui veut juste qu'on lui crisse la  sainte paix. Assise à mes côtés il y a Laura, une Allemande qui s'en va pour 2 mois faire un stage d'infirmière à l'hopital de Penang. Cette dernière me convainc de passer aux rayons-x ausstôt que possible, juste pour être sûr...

"Prend ton grabat et marche"...avec ton sac-à-dos.

On se fait débarquer quelque part au milieu du coin historique de Georgetown, capitale régionale de l'ile de Penang et joyau de l'UNESCO. Aucune idée d'où nous sommes mais apparement pas très loin de l'adresse que les punks de Krabi m'ont donné. Laura et deux Australiens qui étaient dans le bus marchent patiement à mes côtés en m'offrant leur aide. J'apprécie leur compassion. Arrivé à la hauteur de mon guesthouse, chacun continue vers son hôtel respectif en se souhaitant bon courage et bon voyage. Le prix d'un lit est plus cher que ce que je pensais. La seule chambre disponible est située en haut d'un escalier qui me parait interminable.

N'ayant pas de devise Malaisienne (Ringit) sur moi, pas le choix de me rendre au guichet automatique le plus près: 10 minutes de marche normale, 10 km pour ma condition...! Empoignant ma canne je traîne mon fardeau vers l'ATM tout en m'informant du prix des hôtels croisés en chemin. Après 20 minutes de marche laborieuse à pas de tortue handicapée, j'arrive à la hauteur d'un boulevard achalandé me séparant de la banque. Je n'ai jamais ressenti autant de compassion envers les ti-vieux et autres personnes à mobilité réduite qu'en ce moment.

Ce marathon pour handicapé m'ayant creusé l'estomac, j'arrête casser une croûte dans un foodcourt où une serveuse me casse les oreilles en essayant de me vendre de la bière hors de prix. La Malaisie est un pays musulman, l'Islam est une religion qui n'aime pas l'alcool, l'alcool est un produit taxé fortement en Malaisie. Il faut chercher avec persévérance pour trouver de la bière à prix raisonnable. L'hôtel dans lequel je finis par élir domicile vend une canette de stout danoise pour l'équivalent de 2$. C'est ce que j'ai trouvé de mieux pour célébrer ma fête, assis sur le parvis du guesthouse donnant sur la rue. Deux trois touristes me tiennent compagnie une partie de la soirée mais le party est loin de lever en ce soir de ma 36 ème année sur cette planète. Demain sera un autre jour...


dimanche 3 mars 2013

Épisode 7: Krabi

 
 
 
 
 
Après plus d'une semaine passé à Kho Phi Phi. Je décide que la fin de mon voyage en Thailande se passera à Krabi. N'ayant plus que quelques jours de libre avant l'expiration de mon visa thailandais, je préfère me trouver un camp de base tranquille et explorer les environs en me louant un scooter.




On est dimanche le 17 février autour de midi. Un énorme lézard me salut au passage alors que je descend du traversier pour prendre un minibus vers le centre-ville. Il doit bien faire 1,5m de long.

Ma mauvaise impression de Krabi une semaine plus tôt est remplacée par quelque chose de beaucoup mieux cette fois-ci. Krabi a beau être une ville ordinaire, ça fait du bien de changer d'air. Les prix sont beaucoup plus raisonnables qu'à Phi Phi, l'ambiance plus conviviale et authentique et il y a moyen de ne pas s'ennuyer. Une chambre avec toilette pour 200B (6-7$) et un scooter à 150B (5$) font office de deal.


Easy rider
 
Je n'attend pas une minute avant de partir en excursion au guidon de mon nouveau bolide: un scooter automatique blanc de 100cc. Première expérience à rouler dans le traffic urbain, j'y vais avec prudence. Les boulevards aux grandes intersections m'intimident un peu au début mais le Chuck Norris en moi ne tarde pas à se sentir à l'aise sur ces routes exotiques. Je roule sur des chemins secondaires bordées de plantations et de maisons éparpillées ici et là. De majestueuses formations calcaires attirent mon oeil constament et m'invitent à aller grimper. Depuis ma dernière expérience d'escalade, la vue d'une parois rocheuse m'excite un peu comme quand je vois une belle fille et me donne le goût de la grimper...

Après m'être un peu perdu sur les routes de campagne je me retrouve à l'intérieur d'un temple bouddhiste aménagé dans une grotte. L'histoire raconte que jadis un tigre habitait cette grotte. Les gens des alentours commencèrent à vénérer la créature considérée comme un être sacré et de plus en plus de disciples vinrent porter des offrande au Grand Tigre. Attirant de plus en plus de gens, l'endroit fut un jour déserté par la créature qui a dû en avoir assez de se faire déranger chaque jour par une bande de crédules. On y trouve aujourd'hui des moines et des fidèles brûlant de l'encens et priant. On trouve aussi des statues de différentes tailles de Bouddha et du tigre en question. Sorte de cathédrale Ste-Anne de Beaupré version bouddhiste, des centaines de statuettes et de marchandises sont vendues à la boutique vis-à-vis de l'endroit où prient les moines oranges.

 


Une autre grotte attire ma curiosité plus loin sur le chemin menant à un parc national. Nulle autre indication qu'une pancarte indiquant le nom de la grotte permet de savoir que cette dernière existe. En cherchant le chemin y menant, je tombe sur un couple de touristes en scooter également en quête de la mystérieuse grotte. Un local nous montre un étroit sentier traversant une plantation d'arbres. Nous suivons ce dernier sur 300 m environ. Aucune trace apparente de l'entrée d'une grotte au pied de cette parois calcaire à moitiée couverte de lianes et de plantes grimpantes. On laisse nos scooters dans ce qui semble être un stationnement désafecté. Même impression face au sentier qui longe la parois. On dirait que le site fut jadis exploité puis abandonné. Intriguant...
Gaspésiana Jones
 
Après quelques minutes de recherche infructueuse les deux autres abandonnent leur quête. Il doit rester une bonne heure de luminosité avant la tombée de la nuit. Un sentier partant vers la droite attire mon attention. Je ne suis pas prêt à laisser tomber mes recherches aussi facilement. L'esprit de Chuck Norris qui me possédait fait place à celui d'Indiana Jones. Ce dernier me pousse à suivre le sentier désafecté un peu plus loin. Les vestiges d'un trottoir de bois pourri me prouvent qu'il doit bien y avoir quelque entrée de grotte dans les environs. Après une dizaine de minutes, j'arrive enfin au mystérieux portail. Il y a bel et bien non pas une, mais deux entrées de grotte. Poussant un cri de victoire qui surprend quelques chauve-souris, je repense au deux autres pressés. Tampis pour vous, touristes impatients! À moi le trésor au fond de la grotte! Je devrai patienter un peu par contre. Sans aucune lampe pour m'éclairer et la nuit s'apprêtant à tomber, je retourne vers la ville en me promettant de revenir le lendemain.
L'entrée de la grotte cachée
 
 
 
Lundi 18 février

Je retourne sans tarder investiguer ma grotte peuplée de chauve-souris par centaines. Armé de ma frontale et protégé par mon casque de moto, j'avance tranquillement en inspectant minutieusement le sol du faisceau de ma lampe avant d'y mettre le pied. Un énorme crapeau réagi à peine au contact de ma sandale et me fait sursauter. Il doit bien avoir la taille d'un petit lapin. Retrouvant mon calme je salue mon hôte en redoublant de vigilance. Les ailes des chauve-souris me servent de ventilateur et leurs cris, de musique d'ambiance. Une bonne dizaine de minutes doivent s'écouler avant que j'aie terminé mon errance à travers colones de calcaire, stalagtites, stalagmites et crottes de chauve-souris. Je pourrais continuer mon exploration encore longtemps si ce n'était de ce trou d'une bonne douzaine de pieds de profond tenant lieu de prochaine étape du parcours. Je reste là à peser les risques et le poids de ma témérité. Après une longue hésitation je choisi la prudence et décide de rebrousser chemin, un peu déçu d'abandonner mon trésor toujours dissimulé au fond de ce trou...

 
 
 
 
Bien arrosée
Je passe les jours suivants à me promener en scooter, découvrir d'autres grottes, me rincer l'oeil sur la plage et socialiser avec d'autres touristes. Je croise un gars de Calgary à l'entrée de mon hotel le soir du 19 février. L'Albertain fort sympathique s'avère être un redoutable partner de brosse alors que nous enchaînons tour à tour grosses Changs et Caipirinias (drink brésilien de la famille des Mojitos) dans un bar qui donne directement sur la rue.

La scène est composée d'un Irlandais aussi cinglé qu'inintelligible se faisant honneur de nous divertir en racontant des anecdotes incompréhensibles et en jouant des tounes country à la guitare en suscitant plus de malaise que d'engouement. Un Finlandais un peu amoché se fais draguer par une Japonaise, un barman au sourire cocainé fait jouer du Metallica, un couple d'Hollandais se plaignent de l'Irlandais devenu vraiment saoul. On finit par fermer le bar avec cette faune festive en essayant de faire la comptabilité de nos drinks. Il me semble en avoir perdu quelques bouts...et quelques sous.

Perte totale

La journée du lendemain s'avère être une perte totale. Je me réveil à 2pm mais ne réussi qu'à me traîner hors du lit à 7pm. Je me prend un Pad Tai dans la rue en essayant de me réhydrater au jus de lime. Errant dans le quartier tel un zombie, je me dis qu'un massage de pied ne saurais me faire de tort. Une heure de détente totale me remet quelque peu sur pieds. Sur la route de mon hotel un gars que je ne reconnais pas immédiatement m'interpelle. À travers les brumes du lendemain de veille, je me remémore le Finlandais de la veille ayant apparement survécu à sa soirée avec la Japonaise. Il est assis avec deux autres touristes à l'entrée de son hotel, voisin du miens. Je me joins à ces bons vivants composés de Mika le Finlandais, Silvio le Roumain et sa copine suisse, Pétina. On jase de tout et de rien en rigolant tout en écoutant du punk roumain sur Youtube.

Punks not dead!

Contrairement à Chuck Norris, je ne met pas toujours les pieds où je veux...

La soirée se déroule tranquillement dans une sobriété relative lorsqu'autour de 1am, Mika et moi décidons d'aller jeter un coup d'oeil à un bar reggae des alentours. Si j'avais sû que je perdrais pour quelque temps l'usage de mon pied gauche en sortant de ce bar, j'aurais certainement pris le chemin de mon hôtel à la place. Pas une chûte en scooter ni dans le trou d'une grotte, pas une agression armée, pas un empoisonnement au DEET mais bien un accident des plus stupides survenu dans un petit passage au sol inégal reliant le bar à la rue. Je me suis tout simplement renversé le pied gauche en ratant une demie-marche. Ce dernier atterri sur une grille d'égoût avec le poids de tout mon corps qui l'écrasa dans un "crunch" peu rassurant. "This doesn't sound good" dis-je à Mika en boîtant jusqu'à l'hôtel.

Cette épisode marque le début de mon voyage en tant qu'invalide.


 
 
 
 
 




 

 

 

 



 



 

lundi 25 février 2013

Épisode 6: Kho Phi Phi

Tonsai Bay


 
Samedi 9 février, 16h00. J'accoste sur cet archipel composé de deux îles principales: Kho Phi Phi Lhe et Kho Phi Phi Don. La première n'est pas habitée et a le statut de parc national. Elle fut rendue célèbre lors de la sortie du film The Beach, en parti tourné sur l'une de ses plages. La seconde île subit le tsunami de 2004 qui détruisit pratiquement toutes les infrastructures qui s'y trouvaient. Ces dernièrent furent reconstruites presqu'entièrement 6 ans plus tard.

Quand la fiesta tourne en cauchemard

 L'endroit fut l'année dernière rendue tristement célèbre à nouveau lorsque 2 Québécoises y trouvèrent la mort au fond d'un "bucket" mixé de substances euphorisantes dont du DEET, un insecticide hautement efficace que j'utilise contre les mouches noires et maringouins dans une bouteille de Watkins. Mon DEET, je le préfère en crème sur ma peau que sous forme liquide dans mon ventre. En terme de substances euphorisantes, difficile de trouver moins bio...Après plusieurs mois d'enquête, le dossier de ce malheureux événement reste toujours entouré de brouillard.

Tsunami touristique

Pire que le tsunami de 2004, une autre forme de séisme menace l'archipel. La popularité de The Beach entraina un déferlement de touristes s'intensifiant d'année en année. Chaque jour de la semaine, 365 jours par année, plusieurs bateaux accostent au port de Tonsai Bay pour déverser des chiées de touristes en un flu ininterrompu. Sans parler du prix exagérément élevé d'à-peu-près tout par rapport au reste de la Thailande.  Des dizaines de bateaux (tailboats, speedboats, diveboats) pullullent et polluent jour après jours les eaux turquoises des Îles Phi Phi. Maya Beach, lieu du tournage, est devenu si fréquentée qu'il faut se lever vraiment tôt pour avoir un carré de sable où pour faire la crêpe au soleil. Cette tourista chronique a pour effet de dénaturer ce que ce paradis perdu avait de bon à offrir en un temps révolu.

Le débarcadère de Tonsai Bay



Il reste néanmoins quelques points positifs: j'ai un contact qui connait des coins tranquilles, il y a moyen de faire de la plongée et de l'escalade, les véhicules motorisés sont pratiquement absents sur l'île.

 J'avance péniblement en esquivant les bicyclettes et pousse-pousses de livraison manoeuvrés vaillament par des Thailandais impatients qui immitent le son du klaxon pour pouvoir passer.  Difficile pour un piéton de progresser à travers la foule de camisoles imprimées "Same Same but Different", "Full Moon Party" et autres clichés de la Thailande. Les bikinis et torses nus abondent également en originalité et exposent nonchalament leurs peaux tatouées de dragons, têtes de mort, signes tribaux, chinois, celtiques etc. Toute cette masquerade me donne l'impression d'avoir aboutit sur l'ile des clônes d'Occupation Double. Pour ce qui est des tatoos, je vais encore passer mon tour et me contenter de montrer mon bronzage de sandales: un magnifique carré brun sur le dessus des pieds!

Je finis par trouver l'un des accès au sentier qui mène à Rantee Beach. Escarpé et peuplé de serpents dont certains vénimeux, il me faut redoubler de prudence avant d'aboutir sur la plage que Marilyne m'avait décrite au début du voyage. Seulement accessible par "tailboat" ou par le chemin que je viens de parcourir, cette dernière est restée relativement intacte et tranquille comparée à l'autre partie de l'île.

Marilyne, que j'ai rebaptisée "Lonely Prunette" lorsqu'on s'est rencontrés à Bangkok (parce que ses talents de guide de la Thailande sont bien plus utiles que la dernière édition du Lonely Planet), se pointe autour de 20h à la table du resto du Sunshine Bungalows. Je suis heureux de retrouver cette aventurière de 5'1, en sueur sous son sac-à-dos rempli de matériel d'escalade. On se raconte nos péripéties des dernières semaines autour d'une bière avec le son des vagues à quelques mètres et la musique reggae sortant des haut-parleurs du resto. Celle qui a choisie la Thailande pour étudier l'herboristerie par internet, s'offre aussi un trip d'escalade sur la magnifique parois de Tonsai Beach, à une demie-heure de marche.

Amateur de contrastes, je délaisse l'ivresse des profondeurs pour la folie des hauteurs. Le matin du 15 février, je décide d'aller grimper. Pour moins de 20$, il est possible de louer un kit de base pour la journée. Après s'être tapé les 45 minutes de marches menant à la parois et avoir esquivés singes et serpents, Lonely Prunette m'explique comment assurer un premier de cordée. La première grimpe sert de réchauffement et se passe très bien.

Beno et Yvonne, les partners allemands arrivent entre temps et nous partons essayer une seconde route. Mon coeur reste suspendu quelques secondes au cours de cette grimpe d'un niveau de difficulté hautement supérieur. Beno monte en premier de cordée péniblement et Marilyne réussie de peine et de misère en poussant des hurlements d'accouchement douloureux. Je suis le troisième à tenter de relever le défi. Au moment où le débutant que je suis tente de vaincre un surplomb insurmontable, un son similaire au craquement d'une branche se fait entendre en provenance de mon harnais. Suspendu dans le vide à 5-6 mètres du sol, je tente de comprendre si je vais mourir bientôt.  "Is there anything wrong with your harness? demande Beno en train de m'assurer. I think so!" de lui répondre en faisant signe de me redescendre. La corde et le harnais me tiennent toujours. Une petite sangle sous laquelle la corde doit passer une première fois était mal attachée et s'est défaite sous la tension. Par chance, ce n'était pas un point d'ancrage important du harnais. Le moins qu'on puisse dire, cette seconde tentative ne m'as pas procurée autant de plaisir que d'adrénaline.

Les deux routes suivantes s'avèrent beaucoup plus agréables et je repars satisfait de ce premier contact avec une parois de calcaire lisse et invitante. Il fait déjà presque nuit lorsque nous quittons le site de grimpe armés de bâtons contre une éventuelle embuscade de singes. J'accompagne Beno et Yvonne au resto alors que Maryline, pressée de rentrer, reprend le sentier menant à Rantee Beach. Je finis par entrer au bercailles autour de 4am après une nuit arrosée dans un bar terrasse sur le toit d'un immeuble et une pause dans un hamac squatté près de la plage.

Lonely Prunette en pleine action

Beno et Marilyne

Quand Makou se prend pour un singe







Le sac-à-dos chargé d'une lourde corde d'escalade et une nuit presque blanche imbibée d'alcool ralentissent considérablement mon rythme. Je monte péniblement les 337 marches du début du sentier. Étant la première fois que je fais le trajet de nuit seul, je me perd un peu. L'aboiement d'un chien confirme mon retour sur la bonne voie et peu de temps après, j'entamme la descente du segment escarpé jusqu'à la plage. Un peu plus loin, le faisceau de ma frontale éclaire un premier serpent. Mon pied s'arrête à deux pas de sa tête verdâtre alors qu'il se défile vers la gauche. Il mesure autour de 50 cm et ressemble pas mal à nos innofensives couleuvres québécoises. La Thailande est un de ces pays hébergeant un très grand nombre d'espèces vénimeuses. Aucune idée si ce specimen en fait partie mais comme le centre anti-poison le plus proche me semble à des millions de kilomètres, je me vois dans l'obligation de ralentir le pas davantage...

Il ne me faut que quelques minutes avant de voir un second reptile apparaitre pratiquement sous mon pied. Belle petite bête en randonnée nocturne sortant des profondeures de la jungle. Celui-ci est plus petit et d'un noir luisant. J'ai comme l'impression de l'avoir échappé de justesse. Impression confirmée le lendemain en discutant avec des gens me décrivant le look d'un serpent mortel correspondant exactement avec cette sympathique créature. Règle générale, mis à part les brûlots, je ne suis pas trop stessé par les habitants de la forêt. Cette fois-ci par contre, je dois avouer retrouver Rantee Beach dans un soupir de soulagement...

Prendre ça relaxe à Rantee Beach

Un voleur aux aguets
 

lundi 18 février 2013

Épisode 5: En route pour Kho Phi Phi









Vendredi, 8 février, Kho Tao.

 Cordés comme des clandestins dans un container, les derniers arrivants ont droit à des tapis de fortune en guise de couchette, les moins chanceux doivent se débrouiller comme ils peuvent. Le trajet qui dure toute la nuit s'annonce tout sauf confortable. J'ai au moins la chance de m'être fait assigné une place avec matelas. Mes voisins de droite doivent s'en passer.


Une demie-heure après l'appareillage, je vais faire un tour sur le pont avant du navire. Dégustant ma grosse "Chang" devenue tablette je contemple, pad battant au vent, les lumières de Koh Tao s'éloignant dans la nuit. Trois sans-couchettes anglophones se joignent à moi. Nous discutons des conditions de vie misérables des pauvres backpackers que nous sommes et arrivons à cette conclusion: on est beaucoup mieux dehors. Pour dormir à la belle étoile au son des flots, du doux ronronnement du moteur et de cette suave odeur de diesel me rappelant mon été de pêche au turbot en Gaspésie, je suis prêt à troquer le confort de mon matelas contre un tapis à prière musulman. L'un des anglais accepte ma proposition.

Ce n'est pas ma meilleure nuit de sommeil mais je suis content de sentir la brise et d'entendre les vagues. Autour de 4hr am, je sens le moteur ralentir. Serais-ce que nous approchions de notre destination? Je m'asseois et me roule une clope en scrutant l'horizon. Nous venons d'entrer dans un chenal étroit balisé par des bambous plantés à interval régulier. Le timonier ne semble pas avoir grand jeu pour manoeuvrer et lorsqu'il traverse la ligne de perches à tribord, la menace de s'échouer m'apparait plus que réelle. À mon grand soulagement, le barreur retrouve sa lucidité à temps et ramène son embarcation sur le droit chemin.

Nous croisons de petits bateaux de pêche à peine visibles dans l'obscurité qui persiste. Les lumières de ce qui semble être une ville éclairent l'horizon d'une lueur jaunâtre. On a décidément quitté la mer pour naviguer en remontant une longue rivière aux abords de laquelle Surathani est construite. Ma vessie m'indique qu'il est temps de retourner aux toilettes situées à l'autre extrémité du bateau. J'enjambe non sans difficulté les corps de plusieurs backpackers plus ou moins endormis. Une bonne dose de concentration est nécéssaire pour éviter d'écraser un bras, un pied ou une tête au passage.

5h am. On finit par accoster. Les sacs-à-dos sont sortis de la cale et déposés sur le quai devant les regards impatients de leurs propriétaires. Après avoir récupéré le miens, je me fais des provisions pour le long trajet de bus qui m'attend. Un minibus me dépose à la gare centrale où je prend un gros bus direction Krabi. Ce segment du voyage est passé à cogner des clous dans une alternance de demi-sommeil. Emmitoufflé dans mon sac de couchage d'été, je tente de survivre l'air climatisée ridiculement réglée au maximum.








10 am, Krabi.

Peu impressionné par la chaleur accablante qui m'assaille après avoir passé je ne sais plus combien d'heures dans un congélateur roulant, je me trouve un taxi à prix raisonnable pour le centre-ville. Mon plan de match pour la suite est à ce moment encore vague. Je sais que je veux me rendre à Koh Phi Phi faire un coucou à Marilyne mais l'idée de faire escale à Krabi m'effleure l'esprit.

À peine mon sac-à-dos posé au Good Dream guesthouse, on me refuse l'accès à une prise de courant dans laquelle j'espérais brancher mon portable. L'électricité coûte très cher me dit-on. Il faut dépenser au minimum 250B pour avoir droit à ce privilège... je décide que Krabi ne fais pas partie de mon destin aujourd'hui. Je me prend aussitôt un billet pour Phi Phi partant en début d'après-midi.

En attendant le traversier, je flâne à la marina où un sloop d'une quarantaine de pieds avec l'unifolié comme pavillon attire mon attention. Je me fraie un chemin jusqu'au voilier et jase avec le capitaine Ontarien. John, sa femme et ses trois enfants sont partis des Grands-Lacs il y a 4 ans et demi pour faire le tour du monde. Qui n'essaie rien n'a rien. Je demande à tout hasard s'ils ne voudraient pas d'un équipier pour un prochain segment de leur périple. Réponse négative mais rencontre inspirante. Je repars attendre le traversier en rêvessant de voyages en mer hypothétiques...

mardi 12 février 2013

Makousteau




 


 Mercredi 30 janvier,
 
Quand t'apprend que l'île voisine est l'une des capitales mondiale de la plongée sous-marine, tu te dis que ça serait vraiment idiot de ne pas essayer. À 13$/ la saucette après avoir fait la certification PADI "Open Water" qui elle-même ne coûte que 300$ incluant 3 nuits d'hébergement, la tentation est pour le moins qu'on puisse dire, irrésistible.

À Koh Tao, en terme d'écoles de plongée, c'est l'embarras du choix. Émilie et Pierre-Yves, avec qui je suis allé voir un match de "ping pong" à Bangkok, m'avaient déjà conseillés un bon endroit. Je me fais toutefois influencé par un vendeur à commission qui dans le traversier me convainc de m'inscrire auprès de la réputée école New Way Diving ( référée par Lonely Planet et blablabla...) La féroce compétition entre les écoles de plongée me permet de négocier un deal confortable.

La formation commence le lendemain en fin d'après-midi. Que de la théorie... Assis dans une salle de classe avec mes trois partenaires débutants, on regarde une vidéo expliquant les principes de base de la plongée et on remplit un petit questionnaire mettant à l'épreuve ma mémoire à court terme. Puis, on passe les trois jours suivants dans l'eau à pratiquer les différentes techniques de la certification de base permettant de plonger à une profondeur maximale de 18 mètres.

Tout sauf inspirant!

J'ai fais beaucoup de plonge au salaire minimu dans des éviers crasseux de cuisines de restos, mais je me sens vraiment débutant au moment d'enfiler pour la première fois la quincaillerie d'homme-grenouille. Maladroit et inconfortable avec ces palmes qui serrent les chevilles et emprisonnent les orteilles; ce masque qui m'écrase le tour des yeux et ce tuba taché de moisissures et autres résidus laissés par je ne sais combien de milliers d'apprentis-cousteaux. Sans parler de cette masse froide, humide et poisseuse à l'odeur douteuse qu'on appelle à juste titre un "wet suit"; ou du réservoir d'où partent des tentacules de cahoutchouc dont l'une doit aller dans ma bouche pour me servir de respirateur artificiel une fois sous l'eau...



Après avoir fait le check-up de l'équipement avec mon "diving buddy", un Australien rigolo dénommé Josh, je me retrouve en équilibre précaire sur le bord du bateau. Je gonfle ma veste de flottaison, place le régulateur dans ma bouche, la paume de ma main droite sur ce dernier, deux doigts sur le masque, main gauche sur la boucle de ceinture de poids, un grand pas en avant pour le Québec et PLOUF!!! Le poids de l'équipement disparait, me voici en train de flotter en compagnie de mes trois collègues et de mon instructrice qui nous dit de cracher dans nos masques pour en enlever la buée avant de nager vers le rivage. Vive la souillure!





Nos premiers exercices ont lieu en eau peu profonde près d'une plage où se prélassent des sirènes en bikini. La vue de ces dernières compromet sérieusement mon apprentissage. Mieux vaut rester la tête sous l'eau.





Ne jamais cesser de respier

Après cette première séance d'exercices de base terminée, nous reprenons le bateau pour aller pratiquer à 5m de profond dans un autre secteur. Les premières sensations d'être dans une autre dimension se manifestent. La seule chose audible est le son de ma respiration accompagnée de centaines de bulles. Des poissons multicolores viennent me saluer alors qu'un paysage de corail se dévoile sous mes palmes. Tout est comme un rêve et j'ai un peu l'impression de perdre contact avec la réalité.

Le contrôle de la flottaison n'est pas tâche facile. Devant gérer continuellement la quantité d'air dans ma veste afin d'atteindre ma "neutral buoyancy" (habileté à flotter à une profondeur constante), je me retrouve un peu stressé. Le moindre stress sous l'eau affecte le rythme de la respiration. Celà engendre davantage de stress, ce qui affecte encore plus le rythme respiratoire tout en diminuant rapidement mes réserves d'air. Je comprend à ce moment que la plongée est une activité méditative, un art de bien respirer. Bien respirer signifie rester calme et pour rester calme il faut bien respirer. Au delà de la première règle: "ne jamais cesser de respirer", je pense que "calme toi ou crève", devrait être la devise des plongeurs. Lorsqu'on commence à maîtriser l'art de respirer et de flotter, la sensation sous l'eau est proche de celle de voler où d'être en état d'appesenteur. Mon rêve de ti-cul de six ans de devenir astronaute pour explorer des mondes extra-terrestres est en train de se réaliser.

On est dimanche le 3 février, midi. Je reviens de mes deux dernières plongées dans le cadre de la formation: 16,5 et 18m profond. Désormais détenteur du certificat PADI Open Water, je peux maintenant plonger jusqu'à 18m dans toutes les mers du monde (peut-être pas dans le St-Laurent en face de Matane...). Les coraux de la planète n'ont qu'à bien se tenir, le Makou tropical arrive!



Après avoir fait mes adieux aux collègues qui repartent au Cambodge ou dans le nord de la Thailande, je prend une pause de quelques jours pour faire du snorkelling, égaliser mon bronzage, user mon hamac et occuper mes soirées à siroter des Changs (bière locale) ou des buckets de Gin tonique en bonne compagnie.

Vendredi 8 février.

Après plus de dix jours passés sur cette île qui servit jadis de prison, il est temps pour moi de partir explorer d'autres horizons paradisiaques. Pensif devant le bateau de nuit aux allures de rafiot qui doit me permettre de quitter Koh Tao, je me demande sérieusement comment la centaine de touristes qui attendent sur le quai à mes côtés va pouvoir monter à bord sans faire couler l'embarcation...

dimanche 3 février 2013

D'un décalage à l'autre



Vendredi 25 janvier.


Passé maître dans l'art de défaire mes plans au profit d'un coup de tête, je décide de quitter Bangkok en direction des îles du sud. Marilyne essaie de me convaincre de l'accompagner à Kho Phi Phi, l'île où le film The Beach (que je n'ai toujours pas vu) à été tourné. D'accord pour une virée dans ce coin de paradis mais pas avant d'avoir vécu le fameux Full Moon Party qui a lieu le lendemain sur l'île de Kho Phangan. On prend un bus de nuit qui 12 heures plus tard nous mène à la jonction où je fais mes adieux à Miryam pressée de revoir sa plage et ses amis.

Sur le traversier menant à Kho Phangan, je me paye mon premier coup de soleil de l'année. Une camisole et plusieurs bières bu nonchalament sur le pont exposé au soleil me transforment en Capitaine Homard. Depuis ce jour, je fuis le soleil comme la peste en me disant qu'avec la lune il n'y aura pas de problème. C'est ce qui se passe au cours du fullmoon party.

Sympathisant avec un couple de backpackers britanniques rencontrés sur le bateau, nous nous rendons au nord de l'île afin de trouver un logis.



Makou le motard






Louer une moto pour se rendre au party semble être la meilleure option. Je me procure un scooter de 125cc pour 5$/24hr. Pas un mauvais deal du tout pour se promener en zèzète en toute liberté. Je ne me souviens pas à quand remonte la dernière fois où j'ai conduis une moto, mais c'est certainement pas hier et encore moins en conduisant à gauche! Par chance, mon cerveau fait le lien suivant: vélo+4 roues+ski-doo+scie mécanique= moto. Je pense que je m'en sors pas trop mal pour un débutant mais je suis content que le cylindré ne soit pas plus gros.

Mushmoon party

Mes nouveaux compagnons de route et moi nous lançons à l'aventure vers la plage où se déroulera le party de musique électronique. En Thailande, on peut se procurer pour 6-7$ un "bucket" rempli du drink qu'on choisi. Les vodka-Redbull sont très populaire. Le gin tonique me semble être l'option la plus sécuritaire étant donné les circonstances. Kelly et Georges prennent je ne sais plus quel mélange de boisson forte avant de plonger dans la foule au son de la musique techno qui arrive de partout. Mis à part les sceaux d'alcool, j'apprend également que quiquonque veut expérimenter pleinement le fullmoon party se doit aussi de le faire un verre de "mushroom shake" à la main. Pour ceux qui ont besoin d'un dessin: c'est un drink de champignons magique passé au blender.




On se le procure au comptoir d'un bar situé à l'une des extrémités de la plage où un line-up nous prouve la popularité du breuvage. Il nous faut peu de temps pour comprendre que nos 500 B ont été bien investis. Les premières crampes abdominales de fou-rire se manifestent au bout de 20 minutes. La luminosité et les sons commencent s'amplifier et à prendre de drôles de nuances. Une irrépressible envie de rire nous tenaille les entrailles tout au long de la soirée passée à déambuler d'une piste de danse à l'autre sur cette plage transformée en gigantesque "rave". Autour de 4h00 du matin, les effets du drink qui fait rire s'étant estompés, je m'affale sur le sable et m'endors comme un bébé au son du "beat" électronique craché d'un haut-parleur à proximité.






Une caméra par voyage

Je me relève quelques heures plus tard en me demandant ce que je fous à proximité d'une piste de danse sur une plage en plein jour. Bien que la foule soit moins dense que la veille, le party et le "beat" ne semblent pas s'être arrêté pour certains. Pour ma part, je trouve que j'en ai eu ma dose et je n'ai plus qu'une idée en tête: retrouver mon scooter, mon hotel, mon hamac et mes compagnons festifs déjà repartis. En faisant l'inventaire de mes poches, c'est ma caméra qui manque à l'appel. Je regarde sur le sol et fouille le sable de mon matelas improvisé. Rien. Aucune espèce d'idée de l'endroit où j'aurais pu la perdre. Me suis-je fais faire les poches pendant mon sommeil? Si s'eut été le cas, ils auraient pris mon porte-feuille aussi... Elle a sûrement glissé de ma poche au cours de la soirée parce que j'ai sûrement négligé de la ficeler à mon pantalon. Dix jours de photos de voyage perdues!

C'est ainsi que se poursuit ma tradition de sacrifier une caméra par voyage: Asie en 2013, Guatémala en 2012, Brésil en 2010... Heureusement, il me reste mon réflex avec quelques photos de Bangkok dedans.

Après la caméra, c'est moi qui se perd en essayant de retrouver l'hotel. Je roule une bonne demie-heure avant de réaliser avoir pris un chemin qui ne débouche que sur une plage se terminant en cul-de-sac. Je demande mon chemin à une charmante tenancière d'épicerie qui a un joli petit singe comme animal de compagnie. Elle me sort une carte et m'indique par où aller. J'étais vraiment dans le champ mais ça m'a au moins permis de voir du pays. Je passe les 24 heures suivantes à tenter de me remettre de cette peu reposante escapade nocturne.







La plage de Mae Haad à Kho Phangan, pas le pire endroit pour se remettre du Fullmoon party